Chela’h 5782

" Et vous verrez la Terre, quelle est-elle ?... »
(BEMIDBAR  13, 18)

" Ils critiquèrent la terre, … c'est une terre qui dévore ses habitants... »
(BEMIDBAR  13, 32)


Cette semaine, nous lirons la paracha CHELA'H LE'HA.

En dehors d'Israel, on lit la paracha Beaalote’ha. Ici un commentaire envoyé la semaine dernière.

La Paracha CHELA'H LE'HA présente le tristement célèbre épisode des explorateurs. Les Bné Israel ont demandé de visiter la Terre d'Israel avant d'y entrer. Moshé nomme donc les plus éminentes personnalités (un représentant par tribu). Il bénit Yehochoua. Les explorateurs partent en Israel et reviennent avec de terribles nouvelles.

"La terre y dévore ses habitants. Les autochtones sont invincibles … ". Le peuple est désespéré et pleure quand il écoute le discours des 10 explorateurs qui font de la médisance sur la terre d'Israel (Sur les 12 explorateurs, seuls Yehochoua et Caleb n'ont pas fauté).
La conséquence pour les Bné Israel sera terrible : il faudra errer 40 ans dans le désert avant d'entrer en Israel. D'autre part, tous ceux qui étaient âgés de plus de 20 ans au moment de cet épisode n'auront pas le droit d'entrer en Israel.

Ce n’est pas la première révolte du peuple. 3 mois après la sortie d’Egypte, 40 jours après le don la Torah, les Bné Israel ont commis la faute du veau d’or. Et pourtant, Moshé a imploré, et D. a pardonné.

Le veau d’or, l’archétype de l’idolâtrie, et pourtant D. pardonne. Toute la Torah a pour objectif de nous éloigner de l’idolâtrie. Les Bné Israel fautent, ils servent une idole, et D. pardonne.

En revanche, les explorateurs, les chefs désignés pour enquêter sur la Terre d’Israel, vont juste faire de la médisance. Et là, D. ne pardonne pas. Pourquoi ?

A priori, la médisance, c’est bien moins terrible que l’idolâtrie, et pourtant D. a pardonné le veau d’or, mais après la médisance sur la Terre d’Israel, le peuple sera condamné à mourir dans le désert. 40 ans d’errance avant d’entrer en Terre promise.

J’espère ne pas dire de bêtise, mais voici peut être une piste pour expliquer la différence de traitement entre les deux fautes.

Le veau d’or est une faute de jeunesse. La faute a été initiée par des gens qui se sont “greffés” aux Bné Israel lors de la sortie d’Egypte. C’est une faute générée par le stress lié à l’absence Moshé. Le guide a-t-il disparu ? C’est une faute nourrie par l’émotionnel.

En revanche, les explorateurs sont des chefs de tribus. Ils voient la Terre (verset en entête). Ils analysent. Et ils retranscrivent….
En principe, ils ont tout pour fonctionner avec la raison …. et c’est avec la raison qu’ils fautent. Ils voient, mais ils voient mal, ou plutôt ils voient le mal là où il n’y en a pas.
Ils pourraient voir les fruits énormes comme un signe d’abondance et de bénédiction. Et bien non ! Ces fruits viennent étayer leur thèse : c’est une terre de géant, une terre où les Bné Israel seront dévorés.

Dans la vie, on peut toujours voir les choses sous un mauvais angle. Ils auraient pu voir Israel comme Yeouchoua et Calev, la Terre promise et fabuleuse. Et bien non ! ils dépeignent la Terre par le biais de leurs regards viciés. Ils voient le mal partout.

Et quand on voit le mal partout, c’est toute la vie que l’on rend pourrie. Les explorateurs croient qu’ils sauvent les Bné Israel en décrivant la Terre de la sorte. C’est tout le contraire, ils inculquent le mauvais regard, l’insatisfaction. Et quand on a le regard étroit, quand on s’intéresse au verre à moitié vide, quand on voit tout en noir, alors la vie devient forcément toute noire. Ils ratent donc leur vie, ils vont errer 40 ans. Ils se sont punis tout seuls. Lorsqu’on se focalise sur ce qui ne va pas, on rate sa vie.

Voir les choses du bon côté requiert des efforts. Mais voir les choses du bon côté, c’est la clé du bonheur. Un spectateur passif ne peut être heureux.
Etre heureux est donc un choix de vie.


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN