Devarim 5784

 « Voici les paroles qu'a dit Moshé à tout Israel, sur la rive du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, face à la mer de Souf, entre Parane et Tofel, et Lavane et ‘Hatsérot et DI ZAHAV »
(DEVARIM 1,1)

 

Le livre de Devarim, le cinquième et dernier de la Torah, est constitué des recommandations de Moshé aux Bné Israel. En effet, le peuple est sur le point d'entrer en Israel, Moshé est sur le point d'être rappelé par D.
Moshé donne donc des conseils, fait des réprimandes pour toutes les fautes qui ont été commises par le peuple dans le désert. Moshé veut que les Bné Israel tirent des leçons du désert afin de réussir leur vie en Israel.
Dans le premier verset de la paracha (en entête), les réprimandes aux Bné Israel sont masquées. En effet, la Torah cite des lieux qui n’ont rien à faire ici (dans le désert), ou même qui n’existent pas (Lavane, Tofel). Rashi explique que ce sont des allusions à des fautes, à des révoltes du peuple d’Israel.

Rashi commente aussi le fait que Moshé s’adresse à “TOUT ISRAEL”. Rashi l’explique de façon étonnante.

Si Moshé n’avait réprimandé qu’une partie du peuple, les autres, ceux qui sont au marché auraient dit : “Quoi ? vous avez écouté les paroles du fils de Amram [Moshé] et vous n’avez rien répondu ! Nous, si nous avions été sur place, nous aurions contesté ses réprimandes. C’est pourquoi, Moshé s’adresse à tout le peuple.

En effet, Moshé, notre Maître, connaît bien la psychologie du peuple. L’homme n’aime pas les réprimandes. Face à Moshé, le peuple n’a pas la force, ou n’a pas les arguments pour répondre. Mais, dès que c’est possible, l’homme veut fuir ses responsabilités. Il n’aime pas avouer qu’il est coupable.

Dans une fratrie, ou dans la cour de récréation, lorsqu’un enfant fait un reproche à l’autre, la réaction est prévisible : “non c’est toi qui a commencé !”. Quand ce sont des enfants qui se rejettent la responsabilité, ce n’est pas si grave. Mais dans un couple, dans une communauté, dans une ville, dans un pays ….. L’homme oublie parfois de grandir, et préfère rester sour aux réprimandes plutôt que de se mettre en question.

Moshé a mis le peuple face à ses responsabilités. Moshé veut faire comprendre qu’un adulte ne fuit pas, il doit assumer ses fautes.
La semaine prochaine, nous vivrons le 9 av. Nous jeûnerons en nous souvenant de la destruction des deux temples. La liturgie du 9 av nous rappelle que nous sommes responsables des malheurs qui nous ont touchés. Plusieurs fois on répète : “par nos fautes“. Nous déclarons qu’il n’y a pas de hasard. Nous avons fauté, et nous avons causé la destruction du Temple.

Alors, même si nous jeûnons, même si nous avons connu de nombreux malheurs, nous devons nous rappeler que le 9 Av est qualifié de Moed (comme une fête). Moed vient de la racine Vaad = assemblée. Le 9 av, nous nous rassemblons pour comprendre que nous sommes adultes et responsables. Et comme, pour toute fête, c’est un double rassemblement. Nous retrouvons nos semblables, mais nous retrouvons aussi le maître du Monde, à l’instar des fêtes de pèlerinages.

Que D. fasse que nous comprenions que nous sommes adultes, que nous sommes responsables des événements que nous vivons. Et donc forcément, nous ne mettrons plus la faute sur les autres,

Matot 5784

« Moshé parla aux chefs de tribus, … Un homme qui fait un voeu à D. … ne profanera pas sa parole, tout ce qui sort de sa bouche, il accomplira.» (BAMIDBAR 26,3).

Cette semaine, nous lirons 2 parachiot : Matot et Massé. Le début de la paracha Matot traite des voeux que l’on prononce et de la façon dont on doit gérer ces voeux. Puis la paracha traite de la guerre contre Midiane, le peuple qui avait entraîné une partie des Bné Israel dans la débauche. La paracha termine par la demande des tribus de Reuven et Gad et de la moitié de Ménashé de s’installer à l’Est du Jourdain.

Autant dire que mise à part le début de la paracha qui traite des voeux, on parle beaucoup de guerre dans cette paracha. Peut-être que c’est cela le secret de la victoire : pour gagner la guerre contre les ennemis, il faut savoir maîtriser sa bouche, et respecter sa parole.

La guemara Nedarim traite des voeux. A la page 50a on trouve l’histoire du mariage de Rabbi Akiba avec Ra’hel, la fille de Kalba Savoua.

A l’origine Akiba (pas encore Rabbi Akiba) était berger de Kalba Savoua, un homme immensément riche. Un jour Ra’hel la fille de Kalba Savoua remarqua les bons traits de caractères de Akiba, et elle voulut l’épouser, bien qu’Akiba soit ignorant en Torah. Ra’hel lui demanda : si nous nous marions, tu iras étudier ? Akiba acquiesça, ils se marièrent.
Kalba Savoua ne voulait pas donner sa fille à un ignorant. Il fit donc le voeu de ne pas faire profiter de sa fortune à sa fille, tant qu’elle serait la femme de Akiba.
Akiba et Ra’hel étaient donc terriblement pauvres. Ils vivaient d’amour et d’eau fraîche ! Akiba dit : Ah si j’étais riche, je t’achèterai un bijou “Jerusalem d’or”. C’est une couronne ou un genre de collier qui représente Jerusalem.
Akiba partit et revint avec le titre de Rabbi Akiba et 24000 couples d’élèves.

La guemara Ketouvot 63a raconte comment Kalba Savoua a annulé son voeu. Le jour où Rabbi Akiba rentra après avoir passé 24 ans à étudier loin de son épouse, Kalba Savoua, vint le voir sans se douter que c’était son gendre. Il voulait que la Rabbin lui annule son voeu.
Rabbi Akiba demanda à Kalba Savoua : si tu avais su que ton gendre deviendrait un grand homme de Torah, aurais-tu prononcer le voeu de priver ta fille de tes biens ? Kalba Savoua lui répondit : si j’avais su qu’il connaîtrait un chapitre ou une hala’ha, je n’aurais jamais prononcé ce voeu. Rabbi Akiba répondit, ton voeu est délié, … et je suis ton gendre. Kalba Savoua s’évanouit.

Cette histoire soulève au moins deux questions.
1/ Comment Rabbi Akiba a-t-il pu défaire un voeu qui le concerne ? Rabbi est partie prenante, il n’a pas le droit de statuer sur un tel voeu ?
Le Ribach répond que Rabbi Akiba a juste trouvé la clé (ou la porte) pour défaire ce voeu. Mais c’est un autre sage, ou  un tribunal de 3 hommes (simples) qui ont défait le voeu.

2/ Normalement pour défaire un voeu, il faut trouver un élément qui existait au moment de la formulation du voeu, et qui n’était pas su de celui qui a dit le voeu. On ne peut pas défaire un voeu avec du “Nolad”, des éléments nouveaux qui se produisent après la formulation du voeu.
Or Rabbi Akiba est devenu sage après le voeu de Kalba Savoua? Quand le voeu a été formulé Akiba n’était qu’un ignorant !
Le Ran (Nedarim 50b) explique que Rabbi Akiba s’est marié à condition qu’il aille étudier. et li est prévisible que si quelqu’un part étudier il apprenne au

Pin’has 5784

« Pin’has fils d’Eleazar fils d’Aaron le Cohen retira Ma colère contre les bné Israel en prenant Ma vengeance de parmi eux et Je n’ai pas détruit les enfants d’Israel dans Ma vengeance.» (BAMIDBAR 25, 11).

Pin’has est l’homme zélé, qui a tué d’une même lance Zimri, prince de la tribu de Chim’on et Kozbi fille de Tsour (Prince de Midiane). Tsour était le roi le plus important de Midiane (Rachi) et n’a pas hésité à prostituer sa fille, et à l’envoyer séduire les Bné Israel. Les Bné Israel ont ainsi fauté, et une terrible épidémie a frappé le peuple. L’épidémie s’est arrêtée lorsque Pin’has a tué Zimri et Kozbi, « Parce qu’il [Pin’has] a vengé son D. ».
A propos de l'acte de Pin'has on dit toujours qu'il a bien agi, mais si l'on demande aux rabbanim la conduite à tenir, et bien l'on ne recommandera pas le comportement de Pin'has. C'est «Hala'ha ve ein morine ken ».
La Torah marque la reconnaissance que l’on doit à Pin’has. Il mérite l’alliance de paix. Désormais, il entre dans la chaîne de transmission de la prêtrise (Kehouna). D’ailleurs, tout Cohen Gadol postérieur sera un descendant de Pin’has.

On remarque donc le paradoxe. Un Cohen qui a tué par inadvertance, D. préserve, n’a plus le droit de monter pour la bénédiction des Cohanim.
Pinh’as a tué un prince d”Israel, c’est un meurtrier, et par son geste, il obtient le titre de Cohen ! Par son acte de vengeance, il sera récompensé par “Mon alliance de Paix”.

 

Il a fait la guerre, et a obtenu l’alliance de Paix. Dans l’antiquité on disait “Si vis pacem, para bellum”, Si tu veux la paix, prépare la guerre.

Pin’has n’a pas préparé la guerre, il fait la guerre ! Et il obtient l’alliance de paix.
Son amour du peuple d’Israel l’a poussé à agir. Il n’a pas pu supporter voir l’épidémie frapper les bné Israel. Le peuple tombe dans la débauche, des chefs montrent le mauvais exemple ! Pin’has ne peut pas rester les bras croisés, il doit agir. Certains auraient conseillé de parlementer pour remettre Zimri dans le droit chemin. Mais Pin’has voit que le bateau est en train de sombrer. Il faut agir et marquer les esprits.
Parfois, c’est la bonne méthode ! L’épidémie s’est arrêtée, Pin’has a été récompensé, la paix est revenue. Cela se termine bien uniquement parce que Pin’has a voulu agir uniquement pour l’honneur de D., et pour protéger le peuple de l’épidémie.

Que D. nous aide à mériter des dirigeants qui ne pensent qu’à l'intérêt du peuple d’Israel. Et à l’instar de Pin’has,

Balaq 5784

"Discours de celui qui entend les paroles de D. et qui connaît la pensée de l’Etre Suprême …"
(BAMIDBAR  24,16)

BALAQ, c’est la paracha de la semaine. C'est aussi le nom du roi de Moav qui a décidé de s'en prendre aux Bné Israel, dans le désert. Cependant, il avait remarqué que la manière forte ne fonctionne pas, puisque les Bné Israel gagnaient leurs guerres de manière surnaturelle.
Balaq décide donc de demander de l'aide à Bilaam, le prophète des nations, et qui va être chargé de maudire les Bné Israel.

Mais Bilaam échouera dans sa mission : il ne parviendra pas à maudire les Bné Israel, au contraire, il les bénira.

La Michna 19 du 5è chapitre des Maximes des Pères compare les disciples de Avraham, notre patriarche, et ceux de Bilaam, le méchant.
Les disciples de Avraham ont un bon oeil = ils se contentent de ce qu’ils ont. Ils sont modestes, et ne recherchent pas les plaisirs matériels.
 

Les disciples de Bilaam, ont un mauvais oeil (Bilaam était borgne !), ils envient les autres, ils jalousent le bien et les biens des autres. En effet Bilaam a dit “Même si Balaq me donnait sa maison pleine d’or et d’argent” (Bamidbar 22,18).

Les disciples de Bilaam, sont orgueilleux. En effet, Bilaam introduit une de ses tirades par "Discours de celui qui entend les paroles de D. qui connaît la pensée de l’Etre Suprême …" (BAMIDBAR  24,16)
Il se vante d’entendre les paroles de D. et de comprendre / connaître la pensée de D.
Tout un chacun a déjà du mal à se connaître soi-même. De plus, on ne peut jamais savoir ce que pense vraiment son prochain … alors aller jusqu’à dire que l’on comprend la pensée de D. !!!
C’est le paroxysme de l’orgueil, Bilaam se prend pour l’égal de D. puisqu’il dit connaître la pensée de D. !

Enfin les  disciples de Bilaam recherchent les plaisirs matériels. Ainsi à la fin de la paracha Bilaam propose de le plan machiavélique de débaucher les Bné Israel en envoyant les filles de Moav. Pour juste envisager un tel plan, il faut être profondément ancré dans la recherche des plaisirs matériels.

Le Messilat Yecharim explique que l’orgueil est insidieux. Au début, on croit avoir une qualité particulière. Ensuite, on se convainc que grâce à cette qualité, nous sommes dignes de louanges. Puis on adopte le comportement qui convient à celui qui est digne de louanges. La façon de parler change, les manières aussi. On ne peut plus parler avec n’importe qui … nous ne sommes pas du même monde ! Le MOI a bien grandi !
Mais il n’est pas nécessaire d’aller si loin pour voir les effets de l’orgueil. Pourquoi se met-on en colère ? Parce que l’autre n’accepte pas mes idées, ma position. Si j’explose de colère

‘Houqat 5784

"[Moshé dit aux Bné Israel] Ecoutez donc, rebelles ! Est-ce que de ce rocher nous ferons sortir pour vous de l’eau ? Moshé éleva sa main et frappa le rocher avec son bâton deux fois. Des eaux abondantes sortirent…D. dit à Moshé et à Aaron, parce que vous n’avez pas cru en Moi pour Me sanctifier aux yeux des bné Israel… vous n’amènerez pas cette communauté vers le pays…"
(BAMIDBAR  20,10-12)

‘Houqat nous présente la vache rousse. Le principe est clairement énoncé. Si quelqu’un s’est impurifié au contact d’un mort, il devra se purifier le troisième et le septième jour (après le contact avec le mort).
Mais cette paracha contient aussi l’épisode « des eaux de la querelle ». En effet, les Bné Israel se plaignent de ne plus avoir d’eau, car le puits de Myriam a disparu avec sa mort. D. demande donc à Moshé de prendre son bâton et de parler au rocher. Or Moshé prend son bâton et frappe le rocher à 2 reprises pour que l’eau sorte.
Moshé sera puni et n’entrera pas en Israel. Il fallait parler au rocher, et non pas le frapper.
Le Rav Sacks zal, l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni s’attarde sur ce passage. Il s’étonne de l’apparente disproportion entre la faute de Moshé et sa punition.


Je présente ici quelques idées du Rav Sacks sur la paracha. C’est tiré de son livre Sig Ve Sia’h, Paracha ‘Houqat. Le Livre Sig Ve Sia’h est la version en hébreu de Covenant & Conversation. Une version française est sortie : “Les voix de l’Alliance”.

En voulant trouver des idées pour réaliser ce commentaire, j’ai choisi un passage de Sig Ve Sia’h sur notre paracha dont le titre est “la gestion de la colère”. Or, me mettant devant mon clavier, je retrouve le commentaire rédigé il y a 3 ans à partir de la même source. Conséquence, je ne me mets pas en colère, mais je décide de reformuler un petit peu ce commentaire envoyé pour ‘Houqat 5781.

Admettons le, Moshé n’a peut être pas eu le comportement optimal. Il n’aurait dû s’adresser au peuple en disant “écoutez rebelles!”. Il n’aurait pas dû frapper le rocher. Mais pour autant, comment comprendre la terrible punition ? Comment le priver de l’entrée en Israël ? Moshé n’est-il pas malgré tout le dirigeant exceptionnel qui a guidé le peuple depuis l’Egypte ? Un petit moment d’égarement vaut-il une telle punition ?

Le Rav Sacks rapporte à propos de cet épisode, l’explication du Rambam dans les 8 chapitres (introduction aux Maximes des Pères du Rambam).
Les traits de caractères, on ne les choisit pas. L’homme a des tendances naturelles. Certains sont optimistes, d’autres pessimistes, certains sont patients, d’autres pas. Certains sont pingres, d’autres dépensiers outre-mesure.
A force de volonté, à force d’effort, l’homme parvient à canaliser ses tendances naturelles. Il doit viser, et il peut l’atteindre, le juste milieu, l’équilibre.

Toutefois, le Rambam explique qu’il y a 2 traits de caractères, pour lesquels le juste milieu peut être dangereux. Pour l'orgueil, et pour la colère, il ne faut pas viser le juste milieu, il faut s’en éloigner à 180°.

Le Rambam explique que Moshé a été puni parce qu’il s’est mis en colère, en s’adressant au peuple “écoutez rebelles!”.
Lorsqu’il a brisé les Tables de la Loi, Moshé aussi s’était énervé, mais cela n’a pas été considéré comme une faute. Cette attitude était consécutive à la faute du Veau d’Or. Cette colère est donc éducative.


En revanche, dans notre paracha, le peuple a soif, le puits de Myriam a disparu. D. ne reproche rien au peuple; contrairement à l’épisode du veau d’or. Et malgré tout, Moshé sort de ses gonds, il fait une erreur, il s’énerve.
Tout le monde peut s’énerver. Mais Moshé est le dirigeant, c’est l’exemple. Et il doit montrer l’exemple. A ce moment, le peuple pourrait même comprendre, à tort, que la colère de Moshé représente la colère de D. sur le peuple. Le peuple pourrait même sombrer dans le désespoir en pensant que D. se met en colère contre le peuple. Cette colère de Moshé n’est pas éducative, elle est contre-productive, puisque le peuple ne la comprend pas.
La colère, on doit la fuir à l’extrême. Moshé doit montrer l’exemple et doit se maîtriser. A défaut de montrer l’exemple lors de ce passage, c’est sa punition qui servira d’exemple. La Torah stigmatise la colère.


L’auteur du Or’hot Tsadiqim (15è siècle) explique que la colère isole le coléreux. La société va couper les ponts avec lui, car les gens ont peur de sa colère. Le colérique va donc s’isoler, et son mal va donc forcément empirer.

C’est trop grave. Nos maîtres nous disent :

  • le colérique a une vie qui n’en est pas une
  • tout celui qui s’énerve, s’il est sage, il perd sa sagesse, s’il est prophète, il perd sa capacité à prophétiser
  • celui qui s’énerve, c’est comme s’il faisait de l’idolâtrie.

La colère fait disparaître le self-control. La colère fait fonctionner le cerveau de l’homme en mode primitif. L’homme n’agit plus rationnellement, il fonctionne à l’instinct lorsqu’il est en colère.

  • 5 minutes de colère peuvent se regretter pendant toute une vie. Des enfants ont blessé leurs parents pendant des années pour quelques mots non maîtrisés.
  • Des familles ont été détruites pour quelques secondes de colère.
  • Des hommes sont devenus meurtriers pour un coup de sang.
  • 5 minutes de non maîtrise de soi, et ce sont des vies entières gâchées. Des couples se cassent pour quelques minutes d'égarement.

Si la peine de Moshé semble disproportionnée,

Qora’h 5784

 "Il prit, Kora'h, fils de Yitshar, fils de Kehat fils de Lévi, et Datane et Avirame fils de Eliav, et One fils de Peleth les fils de Réouven"
(BAMIDBAR  16,1)

La Paracha de la semaine expose la révolte de Qora'h et de ses acolytes. Qora'h revendique le poste de Cohen Gadol (Grand Prêtre). Il reproche à Moshé d'avoir injustement nommé Aaron, son frère, comme Cohen Gadol.
Ils se révoltent donc contre l'autorité de Moshé et par voie de conséquence contre D.
Ces révoltés finiront engloutis par la terre.

Le premier verset est une intrigue. La premier verset nous dit Qora'h a pris… mais on ne sait pas ce qu'il a pris !
Rashi explique que Qora'h s'est pris lui-même. Il s'est mis en dehors de l'assemblée. Il a créé une scission, une dispute.

Le Rav Sacks zal, l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni s’attarde sur cette nouvelle révolte.
Je présente ici quelques idées du Rav Sacks sur la paracha. C’est tiré de son livre Sig Ve Sia’h, Paracha Qora’h. Le Livre Sig Ve Sia’h est la version en hébreu de Covenant & Conversation. Une version française est sortie : “Les voix de l’Alliance”.

Le Rav Sacks nous explique qu’à première vue les arguments de Qora’h sont recevables ! Toute l’assemblée est sainte! dit Qora’h. C’est, semble-t-il un vrai anarchiste qui se révolte contre la concentration des pouvoirs.
La Torah qualifie les Bné Israel de Peuple de prêtres, un peuple saint. Tout un chacun a un rôle essentiel à jouer ! Tout un chacun a le droit à un destin national !

Le problème vient de l’hypocrisie de Qora’h. En fait, Qora’h ne réclame pas la promotion sociale pour tous. Qora’h ne revendique pas une nation composée uniquement de chefs, ou une nation sans chef. Qora’h revendique le poste de Cohen Gadol.
D’ailleurs Qora’h s’est allié avec d’autres déçus : Datane et Aviram de la tribu de Reuven, 250 princes de l’assemblée. Mais, nous savons bien que ce qui a uni les révoltés c’est uniquement leurs revendications contre Moshé et Aaron. Nous savons bien que si Qora’h est exaucé et devenait Cohen Gadol, alors tout le reste de la troupe serait déçu.

Mais, Moshé n’est pas touché par ces revendications. C’est seulement après que les révoltés aient qualifié l’Egypte, la terre de l’esclavage, de pays où coule le lait et le miel que Moshé décide de combattre ces révoltés. Moshé ne supporte pas l'ingratitude envers D.
Qualifier l’Egypte de pays merveilleux, c’est s’opposer à D.


Moshé comprend clairement que cette dispute n’est pas saine, elle n’est pas “Le Chem chamayim”, comme nous le disent les Maximes des Pères.

Le rav Sacks explique que la discussion, voir les disputes, les oppositions constituent l’elixir de vie du peuple Juif. Le Talmud est rempli de discussions. Ce n’est pas grave de s'opposer, c’est ainsi que l’on progresse.
Nos grands, nos pères ont même argumenté devant D. : Avraham, Moshé, Yirmiyahou, Job. On dit bien, que la Torah a 70 visages.

Alors pourquoi certaines disputes nous élèvent, et d’autres font chuter, à l’instar de Qora’h ?
En fait, la révolte, la dispute, la discussion qui a pour but la recherche de la vérité est toujours salutaire. En revanche, la dispute pour la force ou le pouvoir fait des dégats considérables.
D’ailleurs, précise le Rav Sacks, il n’est pas étonnant que le marxisme a semé l’idée qu’il n’y a pas de vérité. Cette théorie s’est répandue avec le post-modernisme et le post-colonialisme. Le monde est vu comme une lutte de classes, comme des rapports de force.

On s’oppose désormais pour prendre le pouvoir, pour imposer sa force, et sûrement pas pour découvrir la vérité. Ce sont des luttes stériles.

Chela’h 5784

" Ils critiquèrent la terre, … c'est une terre qui dévore ses habitants... "
(BEMIDBAR  13, 32)

La Paracha CHELA'H LE'HA présente le tristement célèbre épisode des explorateurs. Les Bné Israel ont demandé de visiter la Terre d'Israel avant d'y entrer. Moshé nomme donc les plus éminentes personnalités (un représentant par tribu). Il bénit Yehochoua. Les explorateurs partent en Israel et reviennent dans le désert avec de terribles nouvelles.

"La terre y dévore ses habitants. Les autochtones sont invincibles … ". Le peuple est désespéré et pleure quand il écoute le discours des 10 explorateurs qui font de la médisance sur la terre d'Israel (Sur les 12 explorateurs, seuls Yehochoua et Caleb n'ont pas fauté).
La conséquence pour les Bné Israel sera terrible : il faudra errer 40 ans dans le désert avant d'entrer en Israel. D'autre part, tous ceux qui étaient âgés de plus de 20 ans au moment de cet épisode n'auront pas le droit d'entrer en Israel.
Le Rav Sacks zal, l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni s’attarde sur les explorateurs qui ont failli en tant que dirigeant des Bné Israel.


Je présente ici quelques idées du Rav Sacks sur la paracha. C’est tiré de son livre Sig Ve Sia’h, Paracha Chela’h “Avoir confiance dans la réussite”. Le Livre Sig Ve Sia’h est la version en hébreu de Covenant & Conversation. Une version française est sortie : “Les voix de l’Alliance”. Mais je ne suis pas persuadé que tous les tomes existent déjà en français.
Les explorateurs ont vécu la sortie d’Egypte. Ils savent que les Bné Israel ont eu le dessus sur la première puissance mondiale de l’époque. D. a multiplié les miracles, si bien que les peuples du monde entier craignent désormais les Bné Israel. Même les habitants de Canaan craignent les Bné Israel. C’est d’ailleurs pour cela que Ra’hav demandera à être protégée lors de la conquête de Canaan.

Malgré tout, seuls Yeochoua et Calev sont persuadés que la conquête de la Terre d’Israel sera un succès.

Les 10 autres explorateurs sont des dirigeants du peuple. Mais ils faillissent dans leur mission.

Le Rav Sacks explique que tout dirigeant doit susciter la confiance. Il doit faire ce qu’il faut pour que l’individu ait confiance en lui. Il doit donner la confiance au groupe. Il doit inspirer confiance de telle façon que tout un chacun sera convaincu du succès de la mission.

Le Rav Sacks explique que la plupart des fois où l’on ne dit que l’on ne va pas réussir, alors on ne se trompe pas. Et inversement quand on envisage les choses de façon positive.

Beaalote’ha 5784

" Il (D.) dit  … s’il y avait parmi vous des prophètes de D., c’est par une vision que Je me ferais connaître à lui, c’est dans un rêve que Je lui parlerai."
(Bamidbar 12,6).

La paracha de la semaine commence par la présentation de la mitswa confiée à Aaron : l’allumage de la Menora, le chandelier à sept branches. Elle termine par le passage de la médisance de Myriam et Aaron sur Moshé.

C’est D. qui intervient pour expliquer que Moshé n’est pas un prophète comme les autres. D. se révèle aux prophètes dans des visions, lors de rêves. Mais avec Moshé D. se révèle sans énigme… Il se révèle en “face à face”.

La fin de la guemara Bera’hot traite des rêves.
A la page 65b on a :
 Shmouel, quand il voyait un mauvais rêve, citait le verset de Ze’haria “Les rêves sont de vaines paroles”. Quand il voyait un bon rêve il disait : est-ce que les rêves sont de vaines paroles ? Non ! il est écrit “C’est dans un rêve que je lui parlerai” (verset en entête).

La guemara insiste pour nous faire comprendre que les rêves dépendent de la façon dont on les interprète.

Il faut raconter son rêve pour lui trouver un bon sens. En psychanalyse, une part importante est consacrée aux rêves et à leur sens.

Ce qui est intéressant c’est que la guemara nous raconte des rêves et leurs interprétations.

Parfois le rêve représente sous forme de symbole autre chose. Ainsi un saducéen a demandé à Rabbi Ychmael  (berara’hot 65b) : j’ai vu des colombes autour de mon lit. Rabbi Ychmael a répondu, c’est que tu as impurifié de nombreuses femmes. Les colombes représentent donc les femmes. C’est un symbole.

Mais parfois le rêve doit être expliqué en analysant les mots, et leurs déclinaisons. Ainsi, le saducéen a dit à Rabbi Ychmael : “J’ai vu en rêve qu’on me disait, ton père t’a laissé des biens à Kapodkaya”. Rabbi Ychmael lui a demandé : Tu as des biens à Kapodkaya ? Il répond non !
Ton père est déjà allé à Kapodkaya ? Il répond non. Alors Rabbi Ychmael comprend que Kapodkaya n’est pas la ville qu’il pensait. Il coupe le mot Kapodkaya en deux pour expliquer que c’est Kapa = une poutre, et Dika = Dix. Cela fait référence à la 10è poutre de sa maison qui cache un trésor.
Cette fois-ci c’est le rêve s’explique en jouant sur les mots.

Comme en psychanalyse, parfois le rêve est un symbole, parfois le rêve doit être décodé en jouant avec les mots.

La guemara Bera’hot 66a rapporte l’histoire de Bar Hédya. Il savait interpréter les rêves. A celui qui payait, Bar Hédya donnait une interprétation favorable. A celui qui ne payait pas, Bar Hédya donnait une interprétation néfaste.
Ainsi pendant presque une page entière, on raconte les rêves de Abayé et de Rava. Les deux faisaient les mêmes rêves. Abayé payait Bar Hédya et recevait une interprétation heureuse. Rava ne payait pas et ne recevait que de mauvais présages.

A la fin Rava découvre que tout dépend de l'interprétation … et je vous invite à voir

Nasso 5784

" Que D. te bénisse et te protège."
(Bamidbar 6,25).


La paracha Nasso présente de nombreux sujets :
    • Le compte des Léviim
    • Le traitement des personnes impures (Zav ou tsaraat)
    • Ce que l’on doit faire si quelqu’un a commis un détournement en profitant d’un objet consacré au service divin
    • La femme sota qui est soupçonnée car elle s’est isolée avec un autre homme que son mari
    • Le nazir, celui qui fait un certain vœu pour se rapprocher de son Créateur
    • La bénédiction de Cohanim
    • L’inauguration du Michkan (Temple du désert), et les princes des tribus qui apportent pendant 12 jours 12 offrandes identiques.

Le verset en entête est le premier des 3 versets de la bénédiction des Cohanim, dite chaque jour pour certains (en Israel et dans certaines communautés ailleurs), ou seulement pour le chabbat, voire seulement pour les fêtes dans d’autres communautés (qui se trouvent hors d’Israel).

Le Torah Temima explique le Sifri et nous dit que que le premier verset fait référence au matériel. Le Cohen transmet la bénédiction matérielle.

Le second verset “Que D. illumine Sa face vers toi” fait référence au spirituel.

Bamidbar 5784 et Chavouot

" D. parla à Moshé dans le désert du Sinaï…"
(Bamidbar 1,1).

Nous commençons cette semaine le 4è livre de la Torah, Bamidbar (=littéralement « dans le désert »). Puis nous enchaînerons, mardi soir, nous fêterons Chavouot, la fête du don de la Torah.
Le Midrach Raba nous explique que la Torah a été donnée dans 3 éléments : le feu, l’eau et le désert. En effet, comme le dit le verset en entête, D. a parlé du désert du Sinaï.
Afin de profiter du don de la Torah, il faut se considérer comme un désert. En effet, pour pouvoir atteindre la vérité, il convient de se vider de tous les parasites qui nous égarent. Il faut oublier son Moi pour découvrir la vérité. Et c'est par des efforts, que l'on pourra réussir.
Dans la paracha Yitro, la Torah nous a présenté la révélation. Et cela commence par “ D. a prononcé toutes ces paroles en disant [Lemor]” Chemot 20,1.

Le Meche’h ‘Ho’hma explique que cette formulation est loin d’être habituelle. Les autres fois D. s’adresse à Moshé en disant [Lemor]. Il incombe donc à Moshé de répandre le message divin.
En revanche pour le don de la Torah c’est le peuple dans son ensemble qui doit diffuser le message divin.

Le Meche’h ‘Ho’hma rapporte le Rambam : La Torah on ne peut pas y adhérer, on ne peut pas y croire, en fondant notre foi sur les miracles. Dans un tel cas, cette croyance sera imparfaite et friable.
Notre croyance vient du fait que nos pères, les 600000 personnes qui sont sorties d’Egypte ont été témoins de la révélation et du don de la Torah.

C’est cela le sens du “D. a prononcé toutes ces paroles en disant [Lemor]” c’est à chaque père de diffuser le message, hérité de ses pères, … et la chaîne remonte jusqu’au mont Sinaï.

La Torah n’est pas réservée aux Rabbins, aux sages, aux autres… La Torah,

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