Chela’h 5784

" Ils critiquèrent la terre, … c'est une terre qui dévore ses habitants... "
(BEMIDBAR  13, 32)

La Paracha CHELA'H LE'HA présente le tristement célèbre épisode des explorateurs. Les Bné Israel ont demandé de visiter la Terre d'Israel avant d'y entrer. Moshé nomme donc les plus éminentes personnalités (un représentant par tribu). Il bénit Yehochoua. Les explorateurs partent en Israel et reviennent dans le désert avec de terribles nouvelles.

"La terre y dévore ses habitants. Les autochtones sont invincibles … ". Le peuple est désespéré et pleure quand il écoute le discours des 10 explorateurs qui font de la médisance sur la terre d'Israel (Sur les 12 explorateurs, seuls Yehochoua et Caleb n'ont pas fauté).
La conséquence pour les Bné Israel sera terrible : il faudra errer 40 ans dans le désert avant d'entrer en Israel. D'autre part, tous ceux qui étaient âgés de plus de 20 ans au moment de cet épisode n'auront pas le droit d'entrer en Israel.
Le Rav Sacks zal, l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni s’attarde sur les explorateurs qui ont failli en tant que dirigeant des Bné Israel.


Je présente ici quelques idées du Rav Sacks sur la paracha. C’est tiré de son livre Sig Ve Sia’h, Paracha Chela’h “Avoir confiance dans la réussite”. Le Livre Sig Ve Sia’h est la version en hébreu de Covenant & Conversation. Une version française est sortie : “Les voix de l’Alliance”. Mais je ne suis pas persuadé que tous les tomes existent déjà en français.
Les explorateurs ont vécu la sortie d’Egypte. Ils savent que les Bné Israel ont eu le dessus sur la première puissance mondiale de l’époque. D. a multiplié les miracles, si bien que les peuples du monde entier craignent désormais les Bné Israel. Même les habitants de Canaan craignent les Bné Israel. C’est d’ailleurs pour cela que Ra’hav demandera à être protégée lors de la conquête de Canaan.

Malgré tout, seuls Yeochoua et Calev sont persuadés que la conquête de la Terre d’Israel sera un succès.

Les 10 autres explorateurs sont des dirigeants du peuple. Mais ils faillissent dans leur mission.

Le Rav Sacks explique que tout dirigeant doit susciter la confiance. Il doit faire ce qu’il faut pour que l’individu ait confiance en lui. Il doit donner la confiance au groupe. Il doit inspirer confiance de telle façon que tout un chacun sera convaincu du succès de la mission.

Le Rav Sacks explique que la plupart des fois où l’on ne dit que l’on ne va pas réussir, alors on ne se trompe pas. Et inversement quand on envisage les choses de façon positive.

Beaalote’ha 5784

" Il (D.) dit  … s’il y avait parmi vous des prophètes de D., c’est par une vision que Je me ferais connaître à lui, c’est dans un rêve que Je lui parlerai."
(Bamidbar 12,6).

La paracha de la semaine commence par la présentation de la mitswa confiée à Aaron : l’allumage de la Menora, le chandelier à sept branches. Elle termine par le passage de la médisance de Myriam et Aaron sur Moshé.

C’est D. qui intervient pour expliquer que Moshé n’est pas un prophète comme les autres. D. se révèle aux prophètes dans des visions, lors de rêves. Mais avec Moshé D. se révèle sans énigme… Il se révèle en “face à face”.

La fin de la guemara Bera’hot traite des rêves.
A la page 65b on a :
 Shmouel, quand il voyait un mauvais rêve, citait le verset de Ze’haria “Les rêves sont de vaines paroles”. Quand il voyait un bon rêve il disait : est-ce que les rêves sont de vaines paroles ? Non ! il est écrit “C’est dans un rêve que je lui parlerai” (verset en entête).

La guemara insiste pour nous faire comprendre que les rêves dépendent de la façon dont on les interprète.

Il faut raconter son rêve pour lui trouver un bon sens. En psychanalyse, une part importante est consacrée aux rêves et à leur sens.

Ce qui est intéressant c’est que la guemara nous raconte des rêves et leurs interprétations.

Parfois le rêve représente sous forme de symbole autre chose. Ainsi un saducéen a demandé à Rabbi Ychmael  (berara’hot 65b) : j’ai vu des colombes autour de mon lit. Rabbi Ychmael a répondu, c’est que tu as impurifié de nombreuses femmes. Les colombes représentent donc les femmes. C’est un symbole.

Mais parfois le rêve doit être expliqué en analysant les mots, et leurs déclinaisons. Ainsi, le saducéen a dit à Rabbi Ychmael : “J’ai vu en rêve qu’on me disait, ton père t’a laissé des biens à Kapodkaya”. Rabbi Ychmael lui a demandé : Tu as des biens à Kapodkaya ? Il répond non !
Ton père est déjà allé à Kapodkaya ? Il répond non. Alors Rabbi Ychmael comprend que Kapodkaya n’est pas la ville qu’il pensait. Il coupe le mot Kapodkaya en deux pour expliquer que c’est Kapa = une poutre, et Dika = Dix. Cela fait référence à la 10è poutre de sa maison qui cache un trésor.
Cette fois-ci c’est le rêve s’explique en jouant sur les mots.

Comme en psychanalyse, parfois le rêve est un symbole, parfois le rêve doit être décodé en jouant avec les mots.

La guemara Bera’hot 66a rapporte l’histoire de Bar Hédya. Il savait interpréter les rêves. A celui qui payait, Bar Hédya donnait une interprétation favorable. A celui qui ne payait pas, Bar Hédya donnait une interprétation néfaste.
Ainsi pendant presque une page entière, on raconte les rêves de Abayé et de Rava. Les deux faisaient les mêmes rêves. Abayé payait Bar Hédya et recevait une interprétation heureuse. Rava ne payait pas et ne recevait que de mauvais présages.

A la fin Rava découvre que tout dépend de l'interprétation … et je vous invite à voir

Nasso 5784

" Que D. te bénisse et te protège."
(Bamidbar 6,25).


La paracha Nasso présente de nombreux sujets :
    • Le compte des Léviim
    • Le traitement des personnes impures (Zav ou tsaraat)
    • Ce que l’on doit faire si quelqu’un a commis un détournement en profitant d’un objet consacré au service divin
    • La femme sota qui est soupçonnée car elle s’est isolée avec un autre homme que son mari
    • Le nazir, celui qui fait un certain vœu pour se rapprocher de son Créateur
    • La bénédiction de Cohanim
    • L’inauguration du Michkan (Temple du désert), et les princes des tribus qui apportent pendant 12 jours 12 offrandes identiques.

Le verset en entête est le premier des 3 versets de la bénédiction des Cohanim, dite chaque jour pour certains (en Israel et dans certaines communautés ailleurs), ou seulement pour le chabbat, voire seulement pour les fêtes dans d’autres communautés (qui se trouvent hors d’Israel).

Le Torah Temima explique le Sifri et nous dit que que le premier verset fait référence au matériel. Le Cohen transmet la bénédiction matérielle.

Le second verset “Que D. illumine Sa face vers toi” fait référence au spirituel.

Bamidbar 5784 et Chavouot

" D. parla à Moshé dans le désert du Sinaï…"
(Bamidbar 1,1).

Nous commençons cette semaine le 4è livre de la Torah, Bamidbar (=littéralement « dans le désert »). Puis nous enchaînerons, mardi soir, nous fêterons Chavouot, la fête du don de la Torah.
Le Midrach Raba nous explique que la Torah a été donnée dans 3 éléments : le feu, l’eau et le désert. En effet, comme le dit le verset en entête, D. a parlé du désert du Sinaï.
Afin de profiter du don de la Torah, il faut se considérer comme un désert. En effet, pour pouvoir atteindre la vérité, il convient de se vider de tous les parasites qui nous égarent. Il faut oublier son Moi pour découvrir la vérité. Et c'est par des efforts, que l'on pourra réussir.
Dans la paracha Yitro, la Torah nous a présenté la révélation. Et cela commence par “ D. a prononcé toutes ces paroles en disant [Lemor]” Chemot 20,1.

Le Meche’h ‘Ho’hma explique que cette formulation est loin d’être habituelle. Les autres fois D. s’adresse à Moshé en disant [Lemor]. Il incombe donc à Moshé de répandre le message divin.
En revanche pour le don de la Torah c’est le peuple dans son ensemble qui doit diffuser le message divin.

Le Meche’h ‘Ho’hma rapporte le Rambam : La Torah on ne peut pas y adhérer, on ne peut pas y croire, en fondant notre foi sur les miracles. Dans un tel cas, cette croyance sera imparfaite et friable.
Notre croyance vient du fait que nos pères, les 600000 personnes qui sont sorties d’Egypte ont été témoins de la révélation et du don de la Torah.

C’est cela le sens du “D. a prononcé toutes ces paroles en disant [Lemor]” c’est à chaque père de diffuser le message, hérité de ses pères, … et la chaîne remonte jusqu’au mont Sinaï.

La Torah n’est pas réservée aux Rabbins, aux sages, aux autres… La Torah,

Behouqotay 5784

"Si dans Mes décrets vous marchez, et que vous gardez mes commandements, et que vous les fassiez …"
אִם-בְּחֻקֹּתַי, תֵּלֵכוּ; וְאֶת-מִצְו‍ֹתַי תִּשְׁמְרוּ, וַעֲשִׂיתֶם אֹתָם

(VAYIQRA 26, 3).

La paracha Behouqotay est un avertissement. D. nous dit si vous marchez dans mes décrets, alors vous aurez ….[une liste] de bénédictions, et si les Bné Israel ne respectent pas la volonté de D., la paracha présente aussi des malédictions.
Sur le verset en entête, le début de la paracha, Rashi rapporte le Torat Cohanim.
Rashi explique que "Si dans mes décrets vous marchez” signifie en fait “si vous consacrez des efforts à l'étude de la Torah”.
En effet, dit Rashi, la suite du verset parle de respecter les commandements divins, donc forcément le début du verset “marcher dans Mes décrets” fait référence à autre chose.

Mais pourquoi la Torah a-t-elle utilisé le mot “décret” [Houqa, BeHouQotay] pour parler de l’étude de la Torah.

Le Or Ha’hayim explique que la notion de décret est liée à l’étude de la Torah, car D. a créé l’oubli dans la nature, il faut donc étudier et encore étudier, recommencer,... c’est cela le décret (loi incompréhensible).

Le Or Ha’Hayim explique que la Torah a utilisé le pluriel dans “Be’houqotay” = “dans Mes décrets”, car c’est une allusion à la Torah écrite et à la Torah orale. Il faut se fatiguer pour étudier les 2.
Il continue en disant qu’il faut fixer un double temps d’étude : le jour et la nuit.


Le Kli Yaqar va dans la même direction. Il explique que le verbe aller/marcher n’est pas approprié aux décrets. Il nous dit donc que si la Torah nous demande de marcher dans les décrets, c’est forcément, autre chose que respecter les lois, c’est un cheminement, l'étude de la Torah.
Le Kli Yaqar explique que c’est une loi naturelle, il faut se fixer des moments pour étudier la Torah. En effet, étudier ne suffit pas. Il faut fixer des moments d’étude. Car en fixant des temps pour la Torah, on se crée une seconde nature. C’est cela le décret, la loi de la nature.
Ainsi, nous comprenons le verset 59 du Psaume 119
חִשַּׁבְתִּי דְרָכָי; וָאָשִׁיבָה רַגְלַי, אֶל-עֵדֹתֶיךָ
J’ai pensé à mes chemins, mais j’ai ramené mes pieds vers ton témoignage.
Ce verset du Psaume 119 est rapporté par le Midrach, en commentaire sur le premier verset de notre paracha (entête).

C’est le Kli Yaqar qui le rapporte. Le Roi David dit qu’il pense chaque jour à tel ou tel endroit, mais que c’est pieds le ramènent à la maison d’étude.
C’est la 2è nature dont parle le Kli Yaqar, le décret de la nature : il faut se créer des moments d'étude fixes afin que instinctivement, nos pieds nous mènent à la maison d’étude.

Mais le mot ‘Houqa pour parler de la Torah, reste malgré tout compliqué.

Traditionnellement on connait Michpat, la loi intelligible, celle que l’on comprend, que toute société doit mettre en place pour assurer son fonctionnement.
Face à la loi de type michpat, on a le décret, que l’on ne comprend pas.

Le Kouzari traduit michpat par ‘Houqim Si’hliim. Mais le Rambam n’aime pas cette formulation, car cela laisse entendre que les autres lois (les décrets) sont inintelligibles, que l’on ne peut pas les comprendre.

Le Rambam préfère dire qu’il existe des lois que toute société mettrait en place, même sans la Torah, comme ne pas tuer, ne pas voler, …
Mais il y a aussi des lois qui sans la Torah n’existeraient pas. Ces lois, nous n’aurions pas pu les inventer. Ne pas mélanger le lait et la viande est exemple de ce type de loi.
Mais malgré tout, ces lois sont intelligibles. Ces commandements nous ont été donnés pour une bonne raison. C’est à nous de chercher la motivation profonde de ces commandements qui pourraient à première vue être considérés comme des décrets absolus.

En cherchant la raison des mitswot, je fais forcément me rapprocher de Celui qui nous a donné les mitswot.

On comprend donc pourquoi le mot ‘Houqa est associé à l’étude de la Torah. En étudiant, en approfondissant, je pourrai peut-être découvrir une partie de la raison des commandements divins. Ainsi, je me rapprocherai du Créateur.

Mais attention, je ne dois pas considérer la Torah comme une science. Lorsque j’étudie je dois peut-être tenter de découvrir la raison des commandements divins, mais cela ne suffit pas.
Comme le dit Rashi sur le verset en entête, je dois faire des efforts dans l’étude afin d’appliquer les mitswot. Je dois étudier pour appliquer.

Behar 5784

"Si ton frère s’appauvrit … Ne prends pas de lui d’intérêt et d’usure, et tu craindras ton D., et ton frère vivra avec toi. … Je suis D. qui vous ai fait sortir de la terre d’Egypte…"
(VAYIQRA 25, 35-38).


La paracha Behar commence par présenter les lois de la Chemita (l'année chabbatique de la terre, on ne doit pas travailler la terre pendant un an), et celles du Yovel (=Jubilé). Entre autres, la Torah veut nous faire comprendre que nous ne sommes pas propriétaires de la Terre. Nous sommes là pour l'utiliser. Mais tous les 7 ans, nous la rendons, sans la travailler. La chemita contribue à combattre l'instinct de possession qui est en nous.

Un peu plus loin dans la paracha, on nous rappelle l’interdit du prêt à intérêt.

La guemara Baba Metsia présente en détail les lois du prêt à intérêt, dans le chapitre “Hezeou Neshe’h”.

A la page 61a de Baba Metsia Rava dit :
Pourquoi la Torah a-t-elle lié les lois du prêt à intérêt à la sortie d’Egypte? (versets en entête)

Rava répond que de la même façon que D. a distingué les premiers nés d’Egypte de ceux qui ne l’étaient, alors Il saura punir celui qui prête son argent avec intérêt en faisant croire que les fonds prêtés appartiennent à un non juif.

En effet, en Egypte, compte tenu de la dépravation des moeurs, dans une même maison, pour une seule mère, il pouvait exister plusieurs enfants premiers nés. Il suffit que la mère ait eu des relations extra-conjugales.

La Torah veut nous montrer que même si on pense rouler son prochain, et faire bonne figure, il y a un oeil qui voit tout, et une oreille qui entend tout.

Il est toujours compliqué de s’intéresser aux raisons des commandements de la Torah. Mais, comment comprendre l’interdit du prêt à intérêt ?

Si j’ai un appartement, j’ai le droit de le louer et de le récupérer à l’échéance. Pourquoi ne pourrai-je pas louer un capital de 10000 €, contre un loyer mensuel, et le récupérer le capital à l’échéance ?

La Torah par l’interdit du prêt à intérêt, veut nous pousser à être bon avec notre prochain. Elle veut nous apprendre à agir gratuitement, sans retour. D’ailleurs, on le comprend bien dans les versets en entête. La Torah nous parle du frère qui s’est appauvri. La Torah nous dit, et ton frère vivra avec toi.

La Torah veut nous inculquer le ‘Hessed, nous devons faire le bien, même si cela nous coûte.

La Torah ne veut pas du prêt à intérêt car il risque de pourrir la société. Le prêt à intérêt risque d’augmenter les inégalités. Le riche deviendra facilement plus riche … et le pauvre plus pauvre.
Le riche pourra s’enrichir en restant improductif. Il pourra dormir et voir son capital augmenter sans risque. Au bout du compte, le riche oubliera que c’est D. qui donne la bénédiction. Le prêteur à intérêt ne lèvera pas les yeux au Ciel pour demander des moyens de subsistance. Le prêteur à intérêt ne comptera plus que sur lui pour gagner sa vie. Il dira, je m’enrichis “par ma force et la puissance de ma main”. Le prêt à intérêt nous éloigne donc de la crainte du Ciel.

Le prêt à intérêt ressemble donc à la Terre d’Egypte. En Egypte, on ne prie pas pour la pluie. En Egypte, on compte sur le Nil et ses crues pour les récoltes. Pas besoin de prier ! Tout dépend de la force de travail.
La Torah veut donc nous apprendre la modestie :

Emor 5784

" Vous compterez pour vous à partir du chabbat [lendemain du jour de repos =premier jour de Pessa’h]…sept semaines complètes."
(VAYIQRA 23,15).

La paracha commence par des lois propres au cohanim. Emor, c'est aussi par la présentation des fêtes de la Torah.
A l’intérieur du thème des fêtes, la Torah demande de compter le Omer : depuis le lendemain de Pessa’h jusqu’à Chavouot (il y a 49 jours à compter), " Vous compterez pour vous à partir du lendemain du jour de repos …" (VAYIQRA 23,15). Comme en ce moment, nous comptons le Omer, au bout duquel nous fêterons Chavouot.


Voici une partie de ce qu’est j’ai pu comprendre d’une partie d’une dracha du Rav Avner Hazout.
Le Omer, c’est en fait une mesure (un volume). La première fois que l’on découvre ce terme dans la Torah, c’est dans la paracha Bechala’h. Les Bné Israel, sont sortis d’Egypte, ils ont traversé la Mer des Joncs. Mais, ils ont faim, ils se plaignent. Ils vont recevoir la Manne. Un omer par personne.
Cette manne, cette nourriture du désert, va permettre de préparer les Bné Israel au don de la Torah. La manne c’est le symbole du matériel. La quantité per capita de manne était limitée : un Omer. Je dois comprendre, que si je veux recevoir la Torah, de dois limiter l’importance du matériel. Je ne peux pas jouer sur les 2 tableaux.

Dans les Maximes des Pères, nous avons lu : “La jalousie, la recherche des plaisirs, et la poursuite des honneurs font sortir l’homme du monde”. La manne, c’est la nourriture magique. Avec la manne, finie la jalousie, tout le monde reçoit la même quantité (un omer). Avec la manne, finie la recherche des plaisirs, la manne est le pain spirituel qui satisfait tous les goûts. Avec la Manne, finie la recherche des honneurs. En effet, même celui qui stocke la manne, et qui veut se vanter face aux autres. On ne peut pas conserver la manne, celui qui veut stocker, voit la manne moisir.

Ce Omer de manne est donc le symbole de la préparation au don de la Torah. La Torah me montre le chemin.

La manne va s’arreter de tomber un peu avant que le peuple entre en Israel avec Yeochoua. Et la première fois que l’on apportera l’offrande Omer, c’est le 16 Nissan, après l’entrée du Peuple sur la Terre d’Israel. Cette offrande sera apportée à partir de ce qui pousse sur la terre (l’orge). On comprend ainsi que le rôle de la manne sera désormais tenu par l’offrande Omer. C’est cette offrande qui nous fera garder les pieds sur terre. C’est la préparation au Don de la Torah.

 

A partir d’ici, je reproduis un commentaire envoyé en 5781
Le Rav Zacks zal
relève plusieurs difficultés du passage de la paracha  (cité en entête) :

1/ La fête de Chavouot est une fête sans date. Elle dépend uniquement de Pessa’h. D’ailleurs, à l’époque où le calendrier était établi selon les témoins qui avaient vu la lune, Chavouot ne tombait pas toujours le 6 siwan, comme c’est le cas aujourd’hui.

2/ Le point de départ du compte des 49 jours n’est pas clairement précisé dans la Torah. On peut lire “le lendemain du chabbat”. Notre tradition, héritée des pharisiens, a traduit par le lendemain de Pessa’h. En revanche, les sadducéens ont préféré collé au texte. Ils commencent à compter le lendemain du chabbat… Aujourd’hui, chez les chrétiens, on a toujours le dimanche de Pâques, et celui de Pentecôte.

3/ Chavouot, c’est la fête de quoi ? La Torah qualifie Chavouot de la fête de la moisson. On y associe aussi les prémices, les premiers fruits. La dimension semble être essentiellement agricole. Alors que les 2 autres fêtes, Pessa’h et Soukot ont aussi une dimension historique, en plus de l’aspect agricole, on ne trouve pas dans la Torah la dimension historique de Chavouot.

Notre tradition identifie Chavouot à la fête du don de la Torah, la date de la révélation sur le Mont Sinaï. Toutefois, la référence de chavouot  au Don de la Torah n’est pas explicitement écrite.
C’est pourquoi, les sadducéens n’ont retenu que la dimension agricole de Chavouot. Les sadducéens, c’était un peu la classe dominante, les propriétaires terriens. Chavouot était donc une fête essentielle pour eux. Pessa’h symbolisait la sortie d’Egypte, le début du voyage. Soukot, c’est le voyage, les 40 ans dans le désert. Et pour les sadducéens, Chavouot, c’est la fête agricole, cela signifie que c’est la fin du voyage, l’arrivée en Israel, là où l’on vivra désormais du produit de la Terre et plus de la manne.

Pour  les sadducéens, la dimension historique de Chavouot est donc claire : l’agriculture, c’est l’histoire. L’arrivée en Israel à l’époque de Josué, vivre du produit de ses propres mains, c’est cela la fête de Chavouot.
Il n’est pas étonnant que les sadducéens ont périclité après la destruction du Temple et l’exil. Si Chavouot est une fête nationale, comment la fêter si on a perdu la Terre ? Celui dont l’identité religieuse était fondée sur la terre, n’a pas pu survivre.

Kedochim 5784

"Tu ne maudiras pas le sourd, et devant l’aveugle tu ne placeras pas d’embuche, et tu craindras D., Je suis D."
(VAYIQRA 19,14)


La paracha de la semaine commence par l'injonction formulée au peuple : « vous serez saints », puis elle enchaîne avec des lois « sociales ». Respecter ses parents, ne pas oublier le pauvre, ne pas se venger, ne pas faire d'iniquités dans la justice, …. voici un extrait des lois sociales que l'on trouve au début de Kedochim.

Le verset en entête nous demande de ne pas maudire le sourd. La guemara Sanhédrine 66a explique que le verset fait référence au malheureux, au pauvre : tu ne maudiras pas le malheureux.

Le Torah Temima précise que ce n’est pas que le “sourd” (= le malheureux) qu’il est interdit de maudire. Il est aussi interdit de maudire Le Roi (le dirigeant). Dans la paracha Michpatim, nous avons lu : “Tu ne maudiras pas Elokim (2 traductions envisagées, D. ou le juge), et le prince de ton peuple (Nassi) tu ne maudiras pas” (Chemot 22,27).

Le Torah Temima souligne donc que l’on a les 2 extrémités de l’échelle sociale: le malheureux et le Roi.
Notre verset utilise le mot “sourd” que la guemara traduit par le malheureux, car ce dernier se situe tellement bas dans la société, qu’il est devenu insensible aux insultes. Et pourtant, il est interdit de le maudire. Avec les 2 versets, on comprend donc qu’il est interdit de maudire tout homme : qu’il soit important, ou insignifiant, on n’a pas le droit de le maudire.

La Torah tente peut-être de nous faire comprendre que ce n’est pas tant le mal que l’on fait à l’autre qui importe en le maudissant. En effet, est-ce que le Roi est blessé quand un simple sujet le critique ? Est-ce que le malheureux n’est pas déjà vacciné avec tout ce qu’il endure ?

En fait, celui qui maudit s’abîme. Celui qui maudit tombe. Celui qui maudit, qui utilise des mots méchants ou vulgaires sur les autres se mutile : il se sépare de la société et se sépare de D.
Celui qui maudit a un problème, il a le cœur amer. Mais ce n’est pas une raison pour l’exonérer de sa responsabilité. Celui qui maudit / insulte se trouve toujours des bonnes raisons, c’est la faute de l’Autre.

A’hare Mot 5784

"Vous observerez Mes décrets et Mes lois, parce que l’homme qui les accomplit vivra par eux, Je suis D. "
(VAYIQRA 18,5)

Cette semaine nous lisons la paracha A’haré Mot. Elle est essentiellement consacrée au service du Cohen Gadol le jour de Yom Kippour.
C’est d’ailleurs la paracha que l’on lit le matin de Yom Kippour.
Le verset en entête est cité dans dans la guemara Baba Qama 38a.
Une brayta nous enseigne, Rabbi Meir dit : d’où sait-on qu’un non-juif qui s’occupe de la Torah (= qui étudie et qui pratique) est comme un Cohen Gadol, parce que le verset parle de L’HOMME qui les accomplit (verset en entête). On ne parle pas de Cohanim, de Leviim, ou de Israelim, mais simplement d’HOMME. De là on apprend que même un non juif qui s’occupe de la Torah est comme un Cohen Gadol.

Pour comprendre que le mot homme, dans le verset, fait référence à tout individu, juif ou non juif, il suffit de regarder Tossefot de Baba Qama 38a.
Le Torah Temima explique clairement que le mot “homme” vient s’opposer à l’animal, donc tout individu, quels que soient ses gènes, est concerné.
Le Torah Temima continue en expliquant le rapport avec le Cohen Gadol. On dit que la Torah est “plus chère que les pierres précieuses”
יְקָרָה הִיא, מפניים (מִפְּנִינִים) Proverbes 3,15
La guemara fait le lien entre les pierres précieuses מִפְּנִינִים et le Cohen Gadol qui entrait à Yom Kippour à l’intérieur (LIFNIM) de l’endroit le plus saint du Temple.
La Torah rend donc celui qui l’étudie plus grand que le Cohen Gadol.


Le Torah Temima ramène aussi le Rambam :
“Je n’ai pas le moindre doute que tout celui qui parfait ses traits de caractères et sa capacité à tenter de comprendre / découvrir le Créateur Béni soit-Il méritera le monde futur. Et le Rambam cite les paroles de Rabbi Méir : même un non-juif qui s’occupe de la Torah est comme le Cohen Gadol”.


Tout humain, quels que soient ses gènes, peut donc s’approcher de D. et atteindre le même niveau que le Cohen Gadol.
Toutefois, le Torah Temima nous rapporte aussi une explication de la Guemara Sanhédrine 59a.

Pessa’h 5784


Nous sommes aujourd’hui veille de Pessa’h, la recherche du ‘Hamets est terminée. Alors pourquoi ne pas mettre par écrit ce que je dirai demain ?

Tout d’abord, je tenterai de rappeler que Pessah est la fête de la liberté… et certains de nos frères sont privés de liberté. Ils sont otages de sanguinaires qui ont déversé leur folie meurtrière il y a plus de 6 mois.

La Hagada que nous lirons commence par raconter le Gnay, la souffrance des Bné Israel en Egypte. Ainsi, ensuite, quand on parlera des miracles, et de la libération, le contraste sera flagrant, et nous ressentirons mieux la gratitude que nous devons avoir envers D.

Un peu avant la fin de première partie de hagada (avant le repas), juste avant de commencer le Hallel, les psaumes de louanges, nous dirons : “A chaque génération, tout homme doit considérer comme s’il était lui-même sorti d’Egypte”.

Alors aujourd’hui, le gnay, les souffrances, on a l’impression de les connaître. Plus de 6 mois de guerre, des otages, des morts civils et militaires, des blessés, des amputés, des orphelins…

Mais notre sortie d’Egypte, elle est où ? Nos miracles, ils sont où ?

Alors il faut se rappeler que les 4/5è du peuple ne sont pas sortis d’Egypte. Seuls 20% ont cru aux miracles et ont vu les miracles ! Peut-être que malgré les souffrances, et bien les miracles sont bien présents. Peut-être que le 14 avril dernier, le 6 nissan, c’était le grand soir. La peur était palpable. Et pourtant 100% de réussite pour les interceptions. Alors qu’il y a toujours un petit pourcentage d’échec, sur 300 projectiles…. il y aurait pu avoir des dommages terribles. Et bien non ! D. nous a protégés. Il a donné aux scientifiques et aux soldats la clairvoyance !

De même, on ne le voit peut-être pas, mais nous avons peut-être échappé depuis le mois d’octobre à quelque chose de terrible… et cela aussi c’est un miracle.

Alors le gnay on l’a vu. Les peurs, les angoisses, font de nous des esclaves. Mais le message de Pessa’h est clair. Nous devons nous libérer. Il est possible de voir la lumière, si nous le souhaitons vraiment.

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