Kedochim 5784
"Tu ne maudiras pas le sourd, et devant l’aveugle tu ne placeras pas d’embuche, et tu craindras D., Je suis D."
(VAYIQRA 19,14)
La paracha de la semaine commence par l'injonction formulée au peuple : « vous serez saints », puis elle enchaîne avec des lois « sociales ». Respecter ses parents, ne pas oublier le pauvre, ne pas se venger, ne pas faire d'iniquités dans la justice, …. voici un extrait des lois sociales que l'on trouve au début de Kedochim.
Le verset en entête nous demande de ne pas maudire le sourd. La guemara Sanhédrine 66a explique que le verset fait référence au malheureux, au pauvre : tu ne maudiras pas le malheureux.
Le Torah Temima précise que ce n’est pas que le “sourd” (= le malheureux) qu’il est interdit de maudire. Il est aussi interdit de maudire Le Roi (le dirigeant). Dans la paracha Michpatim, nous avons lu : “Tu ne maudiras pas Elokim (2 traductions envisagées, D. ou le juge), et le prince de ton peuple (Nassi) tu ne maudiras pas” (Chemot 22,27).
Le Torah Temima souligne donc que l’on a les 2 extrémités de l’échelle sociale: le malheureux et le Roi.
Notre verset utilise le mot “sourd” que la guemara traduit par le malheureux, car ce dernier se situe tellement bas dans la société, qu’il est devenu insensible aux insultes. Et pourtant, il est interdit de le maudire. Avec les 2 versets, on comprend donc qu’il est interdit de maudire tout homme : qu’il soit important, ou insignifiant, on n’a pas le droit de le maudire.
La Torah tente peut-être de nous faire comprendre que ce n’est pas tant le mal que l’on fait à l’autre qui importe en le maudissant. En effet, est-ce que le Roi est blessé quand un simple sujet le critique ? Est-ce que le malheureux n’est pas déjà vacciné avec tout ce qu’il endure ?
En fait, celui qui maudit s’abîme. Celui qui maudit tombe. Celui qui maudit, qui utilise des mots méchants ou vulgaires sur les autres se mutile : il se sépare de la société et se sépare de D.
Celui qui maudit a un problème, il a le cœur amer. Mais ce n’est pas une raison pour l’exonérer de sa responsabilité. Celui qui maudit / insulte se trouve toujours des bonnes raisons, c’est la faute de l’Autre.