Vayigach 5785

“Et le peuple [Egyptien], il [Yossef] le déplaça vers des villes d’un bout à l’autre de l’Egypte“
 (BERECHIT 47,21 )


La paracha de la semaine nous raconte le dévoilement de Yossef devant ses frères.

C'est dans cette paracha que les masques tombent. Les frères de Yossef étaient persuadés d'être dans le vrai. Ils s'étaient débarrassés de Yossef, et ils étaient sûrs d'avoir raison ! Ils en étaient tellement persuadés qu'ils ne pouvaient pas reconnaître leur frère qui était devant eux. Cela prouve vraiment qu'il est terriblement difficile de prendre du recul et d'analyser son comportement.

A la fin de la paracha, Yossef installe sa famille en Egypte dans la terre de Gochen. Yossef a aussi acheté toutes les terres des Egyptiens pour le compte de Pharaon.

Yossef décide de faire déménager tous les Egyptiens d’un bout à l’autre de l’Egypte.

Rashi explique que ce qui semble un détail, est en fait une louange pour Yossef. Il a fait bouger les Egyptiens pour que ses frères ne soient pas qualifiés d’exilés, ou d’immigrés. Toute l’Egypte est la même enseigne. Il n’y a plus d’autochtones, il y a juste des gens déplacés.

Le Kli Yaqar s’étonne un peu de la disproportion entre le risque (la honte des frères de Yossef, qualifiés d’exilés), et le fait de disperser tous les Egyptiens.
En plus, le Kli Yaqar précise que l’on se considère comme exilé si auparavant, on était propriétaire de terrain, ou d’exploitation. Mais nos ancêtres, Avraham, Yst’haq et Yaaqov, et les frères de Yossef, ne possédaient ni champs, ni vignes !
Par ailleurs, on dit que l’exil a commencé depuis la naissance de Yits’haq. La mesure de Yossef semble donc disproportionnée.

C’est pourquoi, le Kli Yaqar préfère mettre l’action de Yossef en regard du verset de la Torah “Vous aimerez l’étranger, car vous avez été étranger en terre d’Egypte” (Devarim 10,19).

Car tout celui qui n’a pas été étranger, ne peut pas ressentir ce que ressent l’étranger.

Mais celui qui a vécu l’expérience, se comportera mieux avec l’étranger. Tout ce que l’on n’aime pas que l’on nous fasse, on le fait pas à l’autre.

La Torah avait promis aux descendants d’Avraham, qu’ils seraient étrangers dans une terre qui ne leur appartient pas (Berechit 15,13). Et bien ce sera une terre où personne ne se sent chez soi. Et ainsi, tout le monde y apprendra à ressentir ce que ressent l’étranger.

Et le Kli Yaqar continue en soulignant que c’est peut-être ce que voulait nous faire comprendre Rashi.

Enfin le Kli Yaqar propose une autre explication. Si toute l’Egypte a été déplacée, on ne pourra pas s’en prendre aux Bné Israel qui résident en terre de Gochen (en Egypte). Si plus tard un roi se lève, et veut vérifier les droits de propriétés des habitants, tous seront à égalité. Les Bné Israel ne seront pas mis à l’index car ils n’ont pas le droit ancestral de résider à Gochen. Ils seront comme tous les Egyptiens, des anciens déplacés.

Après l’exil qui a duré 2000 ans, le peuple d’Israel retourne depuis le siècle dernier

Miqets 5785

“Pharaon dit à ses serviteurs, est-ce que l’on pourrait trouver un homme tel que celui-ci (Yossef) qui à le souffle de D. en lui ? “
 (BERECHIT 41,38)


La paracha de la semaine nous raconte l'ascension surnaturelle de Yossef dans la société égyptienne. Il était dans une obscure prison à la fin de la paracha Vayechev (Chabbat dernier), et voici qu'il va devenir vice-roi d'Egypte.

Cette promotion sociale vient du fait que Yossef saura expliquer le rêve de Pharaon. En prison, déjà il avait expliqué le rêve du préposé au vin (Sar Hamachqim) de Pharaon.

A cause de la famine, les frères de Yossef vont venir acheter de la nourriture, en Egypte. C’est Yossef qui va les accueillir … froidement. Yossef les reconnaît, mais eux pensent que Yossef n’est plus. Ils n’imaginent pas qu’ils font face à leur frère.


Le verset en entête parle du choix de Yossef comme vice-roi d’Egypte.

Pharaon a bien compris que Yossef est l’homme de la situation. Il a su interpréter les rêves et a immédiatement proposé une stratégie pour anticiper la famine qui sévira en Egypte.

Mais, pourquoi Pharaon a-t-il besoin de demander à ses serviteurs l’autorisation de nommer Yossef (verset en entête). En effet, Pharaon doit se justifier, et il doit faire comprendre à ses serviteurs, qu’on ne peut pas trouver chez les Egyptiens un tel homme ?
“Pharaon dit à ses serviteurs, est-ce que l’on pourrait trouver un homme tel que celui-ci (Yossef) qui à le souffle de D. en lui ? “
 (BERECHIT 41,38)


On peut très bien penser que Pharaon est habile politiquement, et qu’il veut éviter les jalousies envers Yossef. Avant de recruter quelqu’un de l’extérieur, il convient d’expliquer à ses conseillers actuels qu’il n’a pas trouvé d’équivalent en Egypte.

Le Ramban va plus loin. Sur le verset en entête, il nous dit que les Hébreux étaient détestés des Egyptiens. Un Egyptien ne pouvait pas manger ce qui avait été touché par un Hébreu. Les Égyptiens considéraient les Hébreux comme impurs, une source de souillure. C’était donc un sacrilège de nommer Yossef à un tel poste. Pharaon se doit donc de demander l’avis de ses serviteurs.
C’est seulement après que les serviteurs de Pharaon aient accepté, que Yossef est nommé vice-roi d’Egypte.

Le Ramban semble donc bien connaître les rouages de la classe dirigeante en Egypte. Cela rappelle la condition du Dhimmi dans le monde musulman. Un proche m’a prêté un livre, paru en 1980, référence à ce sujet “Le Dhimmi”. L’auteur est Bat Yeor, la préface de Jacques Ellul.

Le Dhimmi est donc un citoyen de seconde zone, qui est toléré, et qui doit payer des taxes pour avoir le droit  de vivre dans de piètres conditions. L’auteur nous dit que l'exclusion du Dhimmi de la fonction publique se fonde sur de très nombreux versets coraniques (Coran III, 27, 113 ; V,56) et des Hadith. Un infidèle ne peut exercer une autorité sur un musulman.
L’auteur nous dit qu’au Moyen Age la nomination de Dhimmi à des hautes fonctions administratives provoquait souvent des émeutes : Grenade 1066, Fez 1275 et 1465, Egypte sous les Mamlouks (1250-1517).

On dit souvent que le juif était heureux en terre d’Islam, grâce à son statut de protégé, Dhimmi. Mais si on a besoin de le protéger, c’est que naturellement on veut s’en prendre à lui.

Pharaon a eu la même appréhension pour Yossef, il savait que la population a une haine profonde envers l’étranger, envers l’Hébreu, il doit donc prendre des pincettes pour nommer cet hébreu qui souille ce qu’il touche.

Maintenant, je comprends mieux ce qui se passera quelques générations plus tard. L’Egypte “oubliera” d’être reconnaissante envers Yossef, et ses descendants. Les Egyptiens vont asservir les bné Israel. Mais comment est-ce possible, les Egyptiens doivent leur existence et leur prospérité à Yossef !

Vayechev 5785

“Voici les descendants de Yaaqov, Yossef était âgé de dix sept ans … “
 (BERECHIT 32,11)


La paracha de la semaine nous rapporte le triste épisode de la vente de Yossef par ses frères. Ces derniers étaient convaincus d’être dans le vrai. Ils avaient jugé Yossef, et l’avaient condamné.
Le Mi’htav MeEliahou, ‘Heleq 2, Paracha Vayechev, souligne que le 1er verset de la paracha (entête), nous présente Yossef comme l’héritier de Yaaqov.

Il explique que tout humain vient sur terre avec une mission, pour participer au dévoilement de la Présence Divine.
Pour remplir la mission, on lui donne des moyens matériels, intellectuels, spirituels…. Parfois la mission ne peut pas être accomplie, et souvent, le fils doit reprendre le flambeau pour continuer la mission inachevée du père.

Cela justifie les lois de l’héritage. On avait donné des moyens matériels au père pour accomplir sa mission (pour s’accomplir). La mission n’est pas terminée, les moyens passent à ceux qui doivent continuer l’oeuvre du père.

On apprend de ce passage du Mi’htav MeEliahou entre autres que chaque humain a une mission. Chaque homme, chaque femme a donc un potentiel.

Le but de la vie est de transformer ce potentiel en réel. Ainsi, l’homme se réalise.

Pour ce faire, il faut être en mesure de comprendre sa mission, de mesurer son potentiel…. et de ne pas gâcher !

Que D. nous aide à comprendre que nous sommes tous uniques, et exceptionnels.

Vayichla’h 5785

«Je suis plus petit que tous les bienfaits et que toute la vérité que Tu as faits avec Ton serviteur…»
 (BERECHIT 32,11)


Au début de la Paracha Vayichla’h, Yaaqov se prépare à retrouver son frère Esaw. Rappelons la façon dont ils s’étaient séparés dans la paracha Toledot : Esaw voulait tuer son frère Yaaqov suite à l’épisode de la bénédiction d’Isaac.
Cette paracha présente donc la rencontre entre Yaaqov et Esaw. Puis ce sera l'épisode de Dina avec Che'hem, le fils de 'Hamor. A la 6è montée, on trouve la naissance. Yaaqov le nomme car  Ra'hel décède en accouchant.

Le Gaon de Vilna est connu non seulement pour sa Torah mais aussi pour son immense modestie. Un jour, un des élèves lui demanda :
Est-ce que notre maître n’exagère pas au sujet de la modestie ? Dans la guemara Sota 5a, on trouve : un talmid ‘ha’ham doit avoir en lui 1/8è dans le 8è d’orgueil. Rashi explique un petit peu d’orgueil [est nécessaire pour le talmid ‘ha’ham].

Le Gaon répondit à son élève :
Regarde bien les paroles de la guemara, il est écrit 1/8è dans le 8è en alternant le féminin et le masculin pour le 8è
אחד משמונה שבשמינית
Cela fait référence au 8è verset de la 8è paracha du livre Bérechit.

C’est le verset en entête : Je suis plus petit que tous les bienfaits…

Yaaqov considère que tous les bienfaits dont D. l’a comblé, il ne les mérite pas. Yaaqov pense que c’est trop pour lui. Il est modeste.

Le Gaon de Vilna explique donc : ⅛ du 8è nous dirige vers ce verset “je suis plus petit…” Le message est clair, un talmid ‘ha’ham doit se faire petit.

Yaaqov donne une leçon de vie, non seulement au talmid ‘ha’ham, mais aussi à tout un chacun. Celui qui veut être heureux, doit considérer la vie comme un bonus. On ne me doit rien… je n’exige rien de la société, des autres, ou de mes proches….

C’est cohérent avec le comportement de Yaaqov face à Esaw.

Esaw dit “j’ai beaucoup”. Il possède beaucoup… mais il veut plus. Il n’est donc pas satisfait.

Vayetse 5785

«Achève la semaine de celle-ci, et nous te donnerons aussi celle-là, en échange du travail que tu feras avec moi encore 7 autres années.»
 (BERECHIT 29,27)

Le début de la Paracha Vayetse présente le départ de Yaaqov de Beer Sheva vers ‘Haran. Il fuit Esaw, et suit le conseil de ses parents : aller chez Lavan, le frère de sa mère, (à ‘Haran) afin d’épouser une de ses filles. Rappelons que Yaaqov voulait épouser Ra’hel, mais par la tromperie de Lavan, il se maria d’abord avec l’aînée à savoir Léa. C’est chez Lavan que naîtront les enfants de Yaaqov, les tribus d’Israel (sauf Binyamin).


Dans le cadre du daf Hayomi, nous étudions en ce moment le dernier chapitre de la guemara Baba Batra. Cela traite des contrats, et de la façon de les mettre en forme afin d’éviter les risques de falsification.

Nous comprenons ainsi que nos sages ne sont pas nés de la dernière pluie ! Ils connaissent la nature humaine, et souhaitent mettre en place des procédures qui limiteront les tricheries.

Un ami du cours a dit : c’est vraiment un sujet d’actualité. En effet, la paracha Vayetse, nous présente Lavane et ses tromperies.

Yaaqov veut épouser Ra’hel, mais Lavan lui donne Léa. Lavan se présente comme hospitalier avec son neveu Yaaqov, mais en fait il va l’exploiter 20 ans.

Même à partir du moment où Lavan autorise Yaaqov à travailler pour son propre compte, il reviendra 100 fois sur le mode de répartition du bétail !

En fait, la Torah nous fait comprendre que Lavan (traduction : blanc) a JUSTE LE BLANC dans son nom. Tout le reste est loin d’être blanc.

Avant de revenir au cours du Daf Hayomi, nous avons enchaîné sur un autre grand hypocrite. Nous l’avons découvert la semaine dans la paracha Toledot : Esaw.
Le Rav a souligné que la lecture littérale de la paracha de la semaine dernière peut nous amener à un énorme contresens.
En effet, le mauvais rôle c’est Yaaqov qui le tient :
c’est lui qui profite de la faiblesse de Esaw pour lui acheter le droit d’aînesse
c’est lui qui va se déguiser pour voler la bénédiction

Esaw semble être le juste, mais cette fois ci il n’est pas blanc, il est rouge ! [Esaw, s’appelle Edom, le rouge].

Ce sont nos sages, qui nous montrent qu’Esaw est un meurtrier. La Torah nous le présente sans défaut apparent, pour que l’on comprenne que la caractéristique de Esaw c’est l’hypocrisie !

Yaaqov qui représente la Vérité, l’homme simple, complet, assidu dans l'étude de la Torah a montré le chemin pour ses descendants.
Il a dû faire face à l'hypocrisie du monde de Esaw, et la roublardise du monde de Lavan. C’est un exemple pour tous ses descendants jusqu’à aujourd’hui. Les apparences sont souvent trompeuses. Et même si on ne comprend pas pourquoi, nombreux sont les ennemis qui veulent faire disparaître les enfants de Yaaqov en les affrontant ouvertement, ou parfois sous des apparences bienveillantes.

Toledot 5785


 «Yits’haq aimait Esaw car il chassait avec sa bouche, et Rivka aimait Yaaqov» Berechit (25,28)


La paracha Toledot nous raconte une partie de la vie de Isaac et de sa femme Rivka. Au début de la paracha, Rivka met au monde des jumeaux : Esaw et Yaaqov. Ces derniers sont complètement différents : Esaw est un chasseur, un guerrier ; Yaaqov est un homme de Torah.

Dans cette paracha, Yaaqov achète le droit d’aînesse qu’Esaw dédaigne et méprise. A la fin de Toledot, grâce à la clairvoyance de Rivka, Yaaqov obtient toutes les bénédictions de son père Yts’haq, la bénédiction sur l’aspect matériel, puis celle du spirituel.

Le Rav Dessler, dans Mi’htav MeEliahou, Tome B, page 206, s’intéresse à la bénédiction de Yits’haq.

Rappelons que Yaaqov, sur les conseils de sa mère, va se déguiser en Esaw, pour recevoir la bénédiction de son père.

Le Rav Dessler pose plusieurs questions. Comment fonctionne le principe de la bénédiction ? Comment la bénédiction peut-elle être effective si celui qui bénit se trompe de personne ? La bénédiction est forcément destinée à celui à qui pense l’auteur de la bénédiction !
Comment Yits’haq peut-il aimer Esaw (verset en entête) ? Ne sait-il pas qu’Esaw est un mauvais ?

Remarque : je ne reprends pas ici l’intégralité des questions et des réponses du Rav Dessler. Je vous invite à vous plonger dans le texte complet… cela vaut le détour.


Le Rav Dessler explique que la bénédiction  est un type de prière. Celui qui bénit sait très bien que c’est D. qui va envoyer la bénédiction. Et c’est pourquoi celui qui bénit va se rapprocher de D., va annuler son moi, devant D.
Et c’est grâce à celui qui est béni que celui qui bénit va pouvoir ainsi se rapprocher de D. Paradoxalement, celui qui est béni est au service de celui bénit et l’aide à se rapprocher de D.


Il existe deux façons pour que le bien et les bonnes choses soient déversées en ce monde.

On les envoie au Juste intègre, celui qui agit depuis son for intérieur en l’honneur de D.
Le Ciel lui apporte les moyens pour se développer encore plus, et accomplir plus de mitswot. Il entre dans le cercle vertueux. Accomplir une mitswa l’aide à commencer la mitswa suivante.

Il y a aussi les bontés qui sont accordées à ceux qui accomplissent des mitswot qui sont en fait extérieures. Ces mitswot ne viennent pas de l’intériorité de la personne, ce sont des mitswot pour l’apparence. Malgré tout, ces mitswot sont récompensées.

Les bienfaits qui arrivent pourront peut-être permettre à celui qui les reçoit de s’en servir comme outil pour grandir, et faire techouva, servir D. depuis son for intérieur.
Toutefois, ces bienfaits peuvent aussi être utilisés du mauvais côté, car la personne qui les reçoit est superficielle. Dans ce cas, ces bienfaits serviront à payer le crédit de l’auteur de la mitswa, ainsi, il ne lui restera que des débits pour le monde futur.


Yits’haq représente la rigueur, la justice. De ce point de vue, le Ciel ne doit pas aider le juste (intègre) à être encore plus juste et à faire plus de mitswot. Le Ciel n’a pas à intervenir pour donner de meilleures conditions au juste ! Ce n’est pas juste ! Le juste doit grandir par ses efforts. Le juste doit devenir plus blanc uniquement par ses efforts.

Yits’haq ne veut donc pas bénir Yaaqov, car il considère Yaaqov comme un Juste, intègre, qui ne doit pas recevoir de coup de pouce divin.

En revanche, il sait que son fils Esaw est superficiel. Il décide donc de l’aider et de le bénir. Il pense que les biens matériels qu’il recevra lui serviront peut-être à revenir dans le droit chemin. C’est un pari. Yits’haq donne donc plus à Esaw. Et c’est la raison pour laquelle Yist’haq aime Esaw. Yits’haq donne beaucoup à son fils. Et quand on donne, alors l’amour grandit.

Haye Sarah 5785

 «Et les jours de Sarah furent cent ans [chana], vingt ans [chana] et 7 ans [chanim] » Berechit (23,1)


La paracha de la semaine peut être synonyme de nombreux pincements au coeur… des événements tristes.

  • Sarah meurt.
  • Avraham doit se battre pour acheter sa dernière demeure. Il va acheter la caverne de Ma’hpela. C’est à Kiriat Arba, la ville de Hevron (Berechit 23,2). Bien que D. ait promis la terre d’Israel aux descendants à Avraham et à sa descendance (Yits’haq), pour acheter un caveau, il doit négocier. Et cette dernière demeure, il la paie cher : 400 sicles d’argent en monnaie acceptée par tous. En fait, de nos jours les choses n’ont pas changé. Acheter un morceau de terre pour après 120 ans, n’est pas une chose simple. Et la terre d’Israel est très demandée… les prix sont élevés !
  • Un peu plus tard dans cette paracha, c’est aussi Avraham qui disparaît à l’âge de 175 ans.


Plus généralement, cette paracha nous fait penser au temps qui passe, et aux angoisses qui vont de paire.

Déjà au début de la paracha on compte les années de Sarah, Cent ans, Vingt Ans et Sept ans.

Le Kli Yaqar s’interroge sur le verset en entête. La Tora nous dit que les “ les jours de Sarah furent cent ans [chana], vingt ans [chana] et 7 ans [chanim] » Berechit (23,1)

Pourquoi pour 100 ans et 20 ans, la Torah utilise le mot Chana = Année (au singulier) alors que pour les 7 dernières années, c’est Chanim (au pluriel) qui est utilisé ?

Le Kli Yaqar explique que les dernières années de la vie sont parfois des années de détresse, de peine. Kohelet (12,1) (l’Ecclésiaste) nous dit “Les années arriveront  où tu diras je n’en ai plus goût [à ces années]. La Torah utilise donc le pluriel pour les 7 dernières années, car ces années sont longues, … elles passent lentement.
En revanche, les 100 ans, et les 20 ans, sont au singulier (Chana) pour nous dire qu’elles sont vite passées.


Jusqu’à présent, le tableau de la paracha que j’ai présenté est donc assez anxiogène… Mais ce n’est pas fini ! Comme dirait le Rav Benchetrit, il faut décider de ne pas mourir de son propre vivant !

On peut aussi lire la paracha autrement.

1/ Le Kli Yaqar donne une autre explication pour Chana / Chanim du premier verset de la paracha. En fait, les justes, bien que tous leurs jours soient remplis, à la fin de leur vie, ils tendent vers la plénitude. Ils se rapprochent, par leur sagesse de la lumière éternelle. Tout devient plus clair.
La vieillesse n’est donc plus un moment d’angoisse.
Jacques Brel chante :
Les vieux ne parlent plus, ou alors seulement, parfois, du bout des yeux
Même riches, ils sont pauvres, ils n’ont plus d’illusions et n’ont qu’un cœur pour deux

Mais le Kli Yakar nous dit le contraire : Le ‘Ha’ham qui vieillit voit de plus en plus clair. Il comprend tout.


2/ L’épreuve qu’est de trouver une dernière demeure peut aussi être vue autrement.

On y découvre l’amour de Avraham pour la terre d’Israel. Il connaît l’endroit. C’est là que sont enterrés Adam et ‘Hava. C’est là qu’on enterrera Avraham et Sarah, Yits’haq et Rivka, Yaaqov et Leah !
L’argent ne compte pas. Il montre l’exemple à sa descendance. Il aime la terre d’Israel ! Comme le dit la chanson “Je vais chanter pour toi Terre de beauté [je ne sais pas comment traduire ‘Hemda] Ta poussière je désire !”


3/ Enfin, la paracha nous montre que la vieillesse peut être vécue pleinement, surtout quand les enfants continuent dans l’exemple tracé par les parents.
Ainsi nous apprenons par la paracha que Ychmael a fait Techouva.
Avraham voit aussi Yits’haq choisir une épouse exceptionnelle. Yist’haq et Rivka continueront le chemin initié par Avraham et Sarah.

Vayera 5785

 «Peut-être y-a-t-il 50 justes ? … Le juge de toute la terre ne ferait-il pas la justice ?  » Berechit (18, 24)

VAYERA est La Paracha qui nous raconte plusieurs moments clés de la vie d’Avraham :
    • La visite des anges qui viennent annoncer que Sarah aura un fils
    • La négociation avec D. pour sauver les villes de Sodome et Gomorrhe
    • Le sauvetage de Loth et la destruction de Sodome et Gomorrhe
    • La rencontre avec Avimele’h
    • Sarah qui enfante Yts’haq, la brith mila de Yts’haq
    • Avraham qui doit renvoyer Ychmael
    • L’ultime épreuve : la ligature de Yts’haq.


Cette semaine, nous découvrons mieux celui qui est le fondateur de notre peuple. Lorsque l’on prie, on dit “réponds nous D. d’Avraham”.

C’est le fondateur du peuple juif. C’est lui qui a découvert D.

D. se dévoile à Lui, mais est-ce que cela suffit pour être grand ? D. s‘est aussi adressé à Noa’h, et pourtant ce n’est pas lui qui a été choisi pour fonder notre peuple.

En fait, Noa’h était un exemple. C’est un juste. Il aurait pu servir d’exemple pour toute sa génération. Mais cela n’a pas fonctionné.

Parfois, être un exemple n’est pas suffisant.

Avraham, dans notre paracha, nous fait entrer dans une autre dimension. Alors, bien évidemment, il a un comportement exemplaire. Mais il fait plus. Il décide de changer le monde.

Lorsqu’il reçoit des invités, c’est pour montrer, sans imposer, le droit chemin.

Lorsqu’il apprend que Sodome et Gomorrhe vont être détruits (verset en entête), il ne se résigne pas. Il intervient. Il veut changer le monde.

Le ‘Hessed (la bonté) est la principale vertu d’Avraham. Etre bon, c’est tenter d’aider le prochain, si je pense qu’il se trompe. Avraham pourrait dire, “moi je crois en D.” et les autres ont leurs propres croyances, laissons les tranquilles”. Et bien non, tout mais pas l’indifférence. Si je suis persuadé d’être dans le vrai, si j’aime mon prochain, je dois lui montrer qu’il se trompe. Tout ne se vaut pas.

Et lorsque Avraham voit des villes qui vont disparaître, il ne se résout pas à dire “chacun son mode de vie”. Il pense que l’on peut sauver ces âmes…

Et c’est pour cela qu’Avraham est devenu Avraham. Il a pris son destin en main, et a décidé d’agir pour changer le monde.

Le’h Le’ha 5785


 « Avram était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, D. lui apparut et lui dit: "Je suis le Dieu tout-puissant; vas devant Moi et sois parfait [Tamim] »
(Berechit 17,1)

Cette semaine, nous faisons connaissance avec Avram, qui deviendra Avraham. C’est lui qui a découvert D.
D. va l’éprouver, il quittera son pays, sa maison, sa ville, sa triste ville où il est né.

A la fin de la paracha D. demande à Avraham d’être parfait (Tamim), verset en entête. Cela fait référence à l’ordre de pratiquer la circoncision.

On considère souvent l’idée d’être Tamim c’est d’avancer dans les voies de D. sans se poser de questions. Alors, c’est vrai, il faut appliquer les commandements SANS se poser de question. C’est ce qui rapproche les juifs du monde entier. Même si la façon de penser le judaïsme est différente, l’application des mitswot, c’est le tronc commun.

Que l’on soit ‘Habad, Breslev, Litaï, Hassid, ashkenaze, sefarade, on peut diverger sur des idées, mais on ne peut pas transiger sur l’application des mitswot. C’est cela être Tamim = appliquer même si je ne comprends pas.

En revanche, j’ai le devoir de tenter de comprendre ! Je dois me poser des questions !

Un peu avant dans la paracha D. dit : “ N’aies pas peur Avram, Je serai ton protecteur” (Berechit 15,1)

Sur ce verset, le midrach Raba 44,4, apporte, entres autres, l’explication suivante de Rabbi Lévi (que le Rav a rapportée ce matin en terminant le daf Hayomi) :
Avraham avait peur que les gens disent qu’il a tué un juste (un innocent) quand il a dû faire la guerre. D. le rassure : ne t’inquiète pas, il n’y avait que des mauvaises herbes (des impies).

Avraham a dû faire la guerre pour aller libérer Lot, il a dû tuer, pour une guerre juste. Et malgré tout, il se demande : a-t-il  tué des innocents ?
Il se pose des questions, il réfléchit !

Dans son cas, il n’y avait pas d’innocents, il est ainsi rassuré.

Mais Avraham nous montre le chemin, il faut se poser des questions, on ne peut pas appliquer ou avancer sans réfléchir. Même si la guerre est juste, il faut se poser des questions. Faire la guerre, tuer est parfois inévitable. Mais malgré tout (pas pendant le combat) je dois mesurer la moralité de mon combat.

Onqelos traduit Tamim par “Chelim”. Il faut être entier, parfait. Cet ordre divin d’être parfait, c’est l’obligation de la circoncision que D. donne à Avraham. Etre entier, c’est savoir sacrifier une petite partie de son corps. Etre entier, c’est faire la circoncision car elle permet de lier l’homme à D. jusque dans sa chair. Comme me l’a rappelé un proche, le circoncision est un commandement appliqué, même par les plus éloignés de notre peuple. Cette circoncision est le signe du peuple qui veut faire UN avec son D.

Noa’h 5784

 « Ils dirent : Venez, construisons pour nous une ville et une tour, et son sommet sera dans le ciel, et faisons-nous un nom de peur d’être dispersé sur la surface de la terre.»
(BERECHIT 11,4)

Dans la paracha de la semaine, la paracha Noa’h, on vit deux épisodes où l’humanité s’est opposée à son Créateur.


A l’époque de Noa’h, l’humanité a fauté et a été complètement détruite par le déluge. A la fin de la paracha, c’est la génération qui a voulu se séparer de son Créateur en érigeant la Tour de Babel.
En guise d’introduction, rappelons que la Torah n’est pas un livre de science, ou un livre d’histoire ! C’est Le Livre, La vérité !

La semaine dernière nous avons lu la Création du Monde, de l’homme et de la femme. Adam et ‘Hava avait tout pour être heureux, et pourtant ils ont fauté !
Ils sont exclus du Gan Eden, ils font face, leurs enfants naissent… Et Caïn va tuer Abel ! C’est encore la chute !

Cette semaine, encore, l’humanité chute, le monde subit le déluge, mais le projet divin continue avec Noa’h. Noa’h est sa famille sont sauvés, mais juste après, Noa’h devient ivre …

L’humanité grandit, elle a tous les outils pour grandir et se rapprocher du Créateur. Mais non ! Là encore, c’est la chute. On utilise le langage pour construire la Tour de Babel, et combattre D.

D. a tout donné, a comblé l’humanité, et l’homme désacralise les outils qu’on lui a confiés pour s’opposer à D.
Imaginons un enfant, à qui on donne tout. Imaginons un enfant pour qui le père consacre son temps et son énergie pour le rendre plus savant… mais une fois que l’enfant a grandi, il utilise tout son savoir pour tenter de combattre son père… C’est terrible …

Mais la Torah n’est pas un livre d’histoires. C’est à moi qu’elle s’adresse ! D. nous comble de Ses bienfaits; et nous on en fait quoi ? Qui ne tombe pas ? On promet de ne plus recommencer (quel que soit son défaut) et rapidement, on chute à nouveau !

La Torah nous apprend que la vie c’est chuter Et se relever. Malgré tous les échecs, l’humanité survit, et tente de se remettre de ses chutes.
On dit que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, en fait l’expression peut se lire dans l’autre sens. Tant qu’il y a de l’espoir, il y a de la vie.

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