Ki Tavo 5784

Non je n’ai pas oublié


 « Et tu diras devant l’Eternel ton D., j’ai fait disparaître le sacré de la maison et aussi j’ai donné au Lévi, au converti, à l’orphelin et à la veuve selon ton commandement que tu m’as ordonné, je n’ai transgressé aucun de tes commandements, et je n’ai pas oublié.»
(DEVARIM, 26,13)

Cette semaine, nous lisons la Paracha Ki Tavo. Cette longue paracha comporte des bénédictions, mais aussi et surtout 98 malédictions terribles. Cela remet les idées en place avant le jugement à Roch Hachana.
La paracha commence par le passage des prémices, les premiers fruits de l’année doivent être apportés au Temple.
Puis la paracha parle du traitement des prélèvements qui n’ont pas été distribués. A la fin de la 3è année après le début de la chemita (idem pour le second cycle de 3 ans, donc à la 6è année), on doit doit faire disparaître [le bi’our] les prélèvements (maasser) qui avait été prélevés mais qui n’ont pas été distribués.
Après ce bi’our, il y a le vidouy (confession ? déclaration ?), il faut prononcer le passage en entête :
“J’ai fait disparaître le sacré de la maison et aussi j’ai donné au Lévi, au converti, à l’orphelin et à la veuve selon ton commandement que tu m’as ordonné, je n’ai transgressé aucun de tes commandements, et je n’ai pas oublié.” (DEVARIM, 26,13)

Rashi explique que “je n’ai pas oublié” signifie je n’ai pas oublié de faire la bénédiction sur les maasser.
Le Sifté ‘Ha’hamim explique que l’on peut pas dire que Rashi parle de bénédiction au sens “Béni sois tu l’Eternel, notre D. …” car ce serait un anachronisme, puisque les bénédictions sur le maasser sont d’ordre rabbinique et pas Toraïques. Mais le Sifté ‘Ha’hamim nous donne aussi les références de la Michna 11 du 5è chapitre de Maasser Cheni. Là bas, Tossefot Yom Tov nous explique que Rashi parle vraiment de la bénédiction au sens “Barou’h Ata …”. Et même si l’on sait très bien que cette bénédiction a été instituée par les rabbins, on l’a appuyée sur le verset en entête (asma’hta).

En tout état de cause, celui qui fait le bi’our doit rappeler qu’il n’a pas oublié la bénédiction lorsqu’il a prélevé les maasserot. Alors pourquoi est-ce si important de ne pas avoir oublié ?

En fait, un oubli est signifiant.


On oublie lorsque l’on agit en mode automatique, sans penser. celui qui va manger et qui oublie de dire la bénédiction, alors qu’il a l’habitude de le faire, c’est qu’il mange bêtement.
La Torah ne veut pas que l’on agisse sans penser. Nous devons être maître de nos actes. Nous approchons de Roch Hachana et Kippour. Nous savons bien que nous devons nous repentir aussi des fautes non intentionnelles. L’homme est indéfiniment responsable. On ne peut pas dire je ne n’ai pas fait exprès, ou j’ai oublié ! Voilà pourquoi, celui qui fait le bi’our, précise : “Je n’ai pas oublié”.


L’oubli est aussi signifiant car on oublie ce qui ne nous intéresse pas, ce que l’on veut fuir.
Celui qui prélève le maasser et qui ne fait pas la bénédiction, c’est le signe qu’il n’a pas envie de donner, qu’il le fait le à contre coeur. Les prélèvements sont pour les Cohanim, les Leviimn, pour les pauvres, ou pour aller soi-même les consommer à Jerusalem. Mais donner, parfois cela fait mal. On peut le faire avec un pincement au coeur. Celui qui fait le bi’our est heureux de ne pas avoir oublié. Cela signifie, qu’il a donné en étant heureux, en louant D. Il a compris que thésauriser ne sert à rien. Il a compris que celui qui donne est plus riche. “Il est riche de ce qui ne s’achète pas” [presque une citation]. Il vit la Torah, Il est heureux d’accomplir l’ordre divin. Donc naturellement il ne peut pas oublier. La Torah est devenue Sa Torah, sa nature.


L’oubli est donc dans notre paracha connoté négativement. Mais parfois l’oubli est au contraire valorisé, comme l’a expliqué le Rav dans la dracha de vendredi soir dernier. Ainsi, la semaine dernière, la Torah nous a présenté l’obligation de laisser dans le champ le tas qui a été oublié. Cette mitswa ne peut-être réalisée que par celui qui a oublié. Le Rav a rapporté le Rav ‘Hano’h Erentroy (1854-1927) qui nous dit que cet oubli est le signe du for intérieur. L’homme veut tellement donner, qu’il en arrive à oublier un tas de blé dans son champ. Même si cela semble paradoxal, c’est la même idée qu’avec l’oubli de la bénédiction. Cet oubli reflète la volonté profonde de l’homme. Celui qui s’est imprégné du message de la Torah

Ki Tetse 5784

“...Tu ne prendras pas l'Egyptien en abomination, car tu as été résident dans son pays.”
(DEVARIM 23,8)

Cette semaine nous lisons la paracha Ki Tetse. Elle contient, de nombreux thèmes, beaucoup de lois …
Le verset en entête nous explique qu’il ne faut pas haïr l’Egyptien. Et pourtant, ils ont jeté les premiers nés dans le fleuve, ils nous ont asservis, ils nous ont fait souffrir.
Mais la Torah ne veut pas qu’on les haïssent ! Hors de question de les prendre en abomination.
Rabbi Yossi, dans la guemara Bera’hot 63a utilise le verset en entête pour nous apprendre l’importance de l’hospitalité. Si déjà les Egyptiens qui n’ont accueilli les Bné Israel que pour en tirer profit, on n’a pas le droit de les prendre en abomination, alors à plus forte raison celui qui accueille un sage !
Grande est l’hospitalité !

Rava dans Baba Qama apprend la mitswa de reconnaissance du verset en entête. Dans Baba Qama 92b, il nous dit, d’où sait on que le puits dans lequel on a bu, il ne faut pas y jeter des pierres ? Du verset en entête : “tu ne prendras pas l’Egyptien en abomination”.
En fait, la Torah ne veut pas que je perde mon temps à haïr l’autre, même s’il m’a fait du mal. A quoi cela servirait de vivre dans l’abomination de l’Egyptien qui a pourri ma jeunesse ? Cela empêche juste de grandir et de prendre son indépendance ! Je risque juste de me créer un traumatisme.

La Torah nous apprend que l’immigré qui s’épanouit, c’est celui qui ne vit dans la haine de son pays d’accueil.

La Torah veut que je me serve de mon passé pour grandir.

Chofetim 5784

“Ils [les anciens du Tribunal rabbinique] annonceront et diront : Nos mains n’ont pas versé ce sang, et nos yeux n’ont rien vu. Pardonne à Ton peuple Israel …”
(DEVARIM 21,7-8)

Nous sommes entrés cette semaine dans le mois de Eloul. C’est le mois qui va nous conduire à Roch Hachana, le jour du jugement.
Il y a une plus grande proximité avec D., les portes sont ouvertes, Il nous attend, à nous donc de faire ce qu’il faut.

Cette semaine, nous lisons la Paracha Chofetim, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel.

La paracha termine par la procédure à mettre en place quand il y a eu eu un meutre, que l’on trouve le cadavre en dehors de la ville, et que l’on ne sait pas qui est le meurtrier.

La Torah demande aux anciens de la ville la plus proche d’apporter une génisse, dont on brisera la nuque. Cette procédure nous fait comprendre que nous sommes responsables de ce qui se passe autour de nous.

Rashi nous dit : peut-on penser que ce sont les anciens du Tribunal Rabbinique qui sont les meurtriers ?

Alors pourquoi disent-ils “nos mains n’ont pas versé ce sang” (verset en entête) ? Pour que l’on comprenne que l’on aurait pas dû les laisser partir sans leur donner de nourriture et sans escorte.

Les Cohanim, présents lors de la procédure de la génisse disent : “Pardonne à ton peuple …” (verset en entête).

Mais comment peut-on comprendre cette prière, cette demande de pardon ? D. a décidé de punir, D. a décidé que l’homme est coupable, comment une prière peut-elle faire changer les choses ?


Cette question que l’on pose pour la procédure de la génisse, le Rav l’a posée, la semaine dernière dans sa dracha de Chabbat. [Je vais tenter d’en rapporter une partie, s’il y a des erreurs, c’est que j’ai mal compris]
En effet, nous entrons dans le mois de Eloul, c’est un temps de l’année où la prière prend de plus en plus d’importance.
Comment comprendre qu’avec nos prières nous pouvons faire changer les décrets divins ?

Si M. X est considéré comme coupable, comment une prière devant D. pourrait contribuer à son acquittement devant D. ?

Le Rav a cité le Sefer Ha Iqarim du Rav Yossef Albo (15è siècle, Espagne). Il nous explique que l’homme qui prie se transforme. Après sa prière, l’homme n’est plus le même homme, il est donc logique que le jugement divin soit différent : D. ne juge plus le même homme.

On comprend donc que l’on prier pour soi, et se changer. Ainsi transformé, on peut se présenter devant D. et être jugé positivement.
Mais l’explication du Rav Yossef Albo n’est pas suffisante. En effet comment comprendre que je peux prier pour mon prochain ? La question a été soulevée, entre autres, par le Mahari Ibn Habib.

Exemple : Si David prie pour lui-même, il se transforme et donc le jugement peut être différent. Mais si David prie pour Reuven, comment le jugement de Reuven peut-il changer ? Ce n’est pas Reuven qui se transforme quand on prie pour lui.


La réponse peut venir des versets en entête de notre paracha. Nous sommes tous responsables de ce qui passe autour de nous.

Si un événement me touche, au point que je prie pour mon prochain, c’est que je me sens responsable de lui. Je suis affecté par la situation de mon prochain. Je souffre (pas autant que lui probablement) des problèmes qu’il rencontre. En priant pour mon prochain, je vais donc me transformer, je ne mériterai plus donc de souffrir de la peine de mon prochain, il sera donc soulagé de son problème.

La Torah veut que nous comprenions que nous ne vivons pas en vase clos.

Ree 5784

“Vous êtes les fils de D., Vous ne vous ferez pas d’entailles, et vous ne mettrez pas de calvitie entre vos yeux pour un mort”
(DEVARIM 14,1)

Cette semaine, nous lisons la Paracha Réé, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel.


Le verset en entête est commenté dans les pirké avot (3,14).


Dans cette michna des Maximes des Pères, on nous dit que Israel est précieux [pour D.] puisque nous sommes appelés des enfants de D.
Cet attachement divin envers ses fils est d’autant plus grand qu’Il l’a fait savoir. La Torah dit “Vous êtes les fils de D.” (verset en entête)


Le Torah Temima explique qu’un père aime son fils, même s’il ne lui dit pas, même s’il ne lui montre pas de marques d’affection “publiques”. Mais, quand un l’amour est très fort, on ne peut pas se retenir, et on montre les marques d’affection. C’est le sens de la michna de Pirké Avot.


D. nous aime tellement que la Torah est obligée de le dire et de le montrer.

Gary Chapman, dont j’ai entendu le nom pour la première fois chabbat dernier (dans un chabbat ‘hatan) est un psychologue, spécialiste du couple, de renommée mondiale, et un auteur à succès.

Dans son livre “les 5 langages de l’amour”, il explique que le 1er langage indispensable à l’épanouissement dans le couple c’est l’affirmation. Il faut dire des choses positives. Il faut savoir dire “Je t’aime” par exemple.
Voici un contre-exemple :
- La femme demande à son mari : est-ce que tu m’aimes ?
- L’homme : évidemment
- La femme : alors pourquoi tu ne le dis jamais ?
- L’homme : crois-tu vraiment que je serais encore ton mari si je ne t’aimais pas ?


Il y a un besoin de dire des choses positives, pour tous.

EQEV 5784

“un pays où tu ne mangeras pas ton pain avec parcimonie, où tu ne manqueras de rien; un pays dont les pierres sont du fer, et de ses montagnes tu extraieras du cuivre”
(DEVARIM 8,9)

Cette semaine, nous lisons la Paracha Eqev, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel. Moshé rappelle les révoltes des bné Israel contre D.
Moshé réprimande les Bné Israel.


Moshé décrit aussi le pays fabuleux que devront mériter les Bné Israel, un pays avec des sources, un pays de blé, d’orge, …
Le verset en entête dit même “un pays où tu ne manqueras de rien”... mais il faudra le mériter.


C’est un pays où “les pierres [Avanéa] sont du fer”. (DEVARIM 8,9)
La guemara Taanit 4a nous rapporte ce verset. Rabbi Abba dit : “tout Talmid ‘Ha’ham (érudit) qui n’est pas dur comme le fer, n’est pas un Talmid ‘Ha’ham, comme il est dit “un pays où les pierres [Avanéa] sont du fer”, (DEVARIM 8,9), ne lis pas AVaNéa [pierres], mais BoNéa (constructeurs = talmid ‘ha’ham)”.

Le Torah Temima explique pourquoi Rabbi Abba a fait le lien entre les pierres et les sages. Il rappelle la fin de la guemara Bera’hot (64a) : “Ne lis pas tes fils (BaNaï’h les sages, ‘ha’hamim) mais tes constructeurs (BoNaï’h)”. Les sages sont des constructeurs, les piliers de la nation. Ces pierres sont les fondations de la nation.

Le Torah Temima rapporte aussi la guemara Baba Batra 145b où l’on qualifie de transporteurs de pierre, ceux qui connaissent la michna.

Le Torah Temima rapporte de nombreuses sources où l’on compare les sages aux pierres. Il cite même le Zohar sur le verset “Et vous parlerez au rocher”, qui traduit “vous parlerez à ceux qui s’occupent de la Torah”.

Le Torah Temima a donc expliqué ce qui a amené Rabbi Abba à faire le lien entre les pierres et les sages, mais il soulève une interrogation : que signifie que le sage doit être dur comme le fer ?

Le Torah Temima explique que l’on doit demander au sage, encore plus qu’à tout homme d’être rapide à se calmer. Il nous dit que le sage doit être tendre comme le roseau et pas dur comme le cèdre. En plus, le Torah Temima explique que Rabbi Abba n’a pas dit que le sage doit être dur comme un cèdre (qui est le symbole de ce qui est dur), mais comme du fer !

Le Torah Temima rapporte donc l’explication du “Griv, dans Miné Targuima”. Après une recherche sur Google, je pense qu’il fait référence au Gaon Rabbi Yichaya Berlin et son livre édité en 1836.

Dans Miné Targuima, on trouve une signification qui répond aux difficultés soulevées par le Torah Temima. On y rapporte la guemara Mena’hot 85b. Rava parle d’un homme “dur comme le fer”. Et la Guemara demande, qui est-ce ? C’est Rav Sheshete. Rashi explique ce qu’est un homme dur comme le fer : c’est un sage, bien aiguisé, qui sait trancher la hala’ha comme le fer.

Vaet’hanan 5784

«Ecoute Israel, L’Eternel notre D., l’Eternel est un.
Tu aimeras l'Eternel ton D. de tout coeur, de toute ton âme, et de tous tes moyens» (DEVARIM 6,4-5)

Ce commentaire est pour l’essentiel repris d’un commentaire que j’ai envoyé en 5780

Cette semaine, nous lirons la Paracha Vaet'hanan, suivie de la Haftara Na'hamou. En référence à la haftara, le Chabbat de cette semaine est d'ailleurs souvent appelé "Chabbat Na'hamou" (consolation), car il suit le 9 AV (destruction des deux temples).

Cette paracha commence avec la prière de Moshé, ou plus exactement ses supplications, ses implorations, pour avoir le droit d’entrer en Terre d’Israel.

Dans cette paracha, la Torah présente un rappel des 10 paroles : la Révélation sur le mont Sinaï.

Lors des 10 paroles D. s’adresse à l’individu : “Je suis l’Eternel TON D.”, “TU n’auras pas d’autres dieux ….”, “Respecte TON père et ta mère”, …. “TU ne tueras point”....

On comprend ici que chacun doit considérer que la Torah a été donnée pour lui. On ne peut pas dire “je ne suis pas concerné”.

Et même si l’on vit dans un environnement qui s’éloigne de la parole de D., il faut accepter d’être unique, et de continuer dans la voie de la Torah.

A la fin de la paracha (6è montée), on trouve le premier paragraphe du Chema. Le passage symbole du judaïsme que l'on récite soir et matin.
C’est la profession de foi du judaïsme. La phrase que l’on  fait répéter aux enfants, dès le plus jeune âge, avant de s’endormir. Nous proclamons, l’unité de D., nous acceptons le joug divin.

Après une petite recherche sur Wikipedia, on remarque une différence fondamentale entre le chema et les professions de foi du Christianisme et de l’Islam.

Pour les Chrétiens, c’est le Credo “Je crois en un seul D.” Pour l’Islam c’est la Chahada “j’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de D., ….”

Le Chema ne commence pas par “JE”. Le Chema commence par “Ecoute Israel”. Celui qui proclame le Chema parle à l’Autre. Il dit “Ecoute Israel, l’Eternel NOTRE D. …”
Celui qui prononce le Chema parle à l’Autre, et s’inclut dans le peuple, il dit NOTRE D.


La Torah veut me faire comprendre que c’est par le rapport à l’Autre que je pourrai vraiment proclamer l’unité de D.
La guemara Yoma 86a parle de la sanctification du nom de D. (kidouch Hachem) et du contraire, la profanation du nom de D. (‘Hiloul Hachem).
Abayé rapporte les paroles d’une brayta à propos du second verset du chema “Tu aimeras l’Eternel ton D. …” :
Que le nom de D. soit aimé par les autres grâce à toi. Comment est-ce possible ? Il faut étudier la Torah, la Michna, la guemara (Rashi). Il faut commercer en respectant l’Autre (sans essayer de le rouler). Ensuite que diront les gens ? Heureux celui qui a étudié la Torah, heureux son Maître qui lui a enseigné la Torah !

Devarim 5784

 « Voici les paroles qu'a dit Moshé à tout Israel, sur la rive du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, face à la mer de Souf, entre Parane et Tofel, et Lavane et ‘Hatsérot et DI ZAHAV »
(DEVARIM 1,1)

 

Le livre de Devarim, le cinquième et dernier de la Torah, est constitué des recommandations de Moshé aux Bné Israel. En effet, le peuple est sur le point d'entrer en Israel, Moshé est sur le point d'être rappelé par D.
Moshé donne donc des conseils, fait des réprimandes pour toutes les fautes qui ont été commises par le peuple dans le désert. Moshé veut que les Bné Israel tirent des leçons du désert afin de réussir leur vie en Israel.
Dans le premier verset de la paracha (en entête), les réprimandes aux Bné Israel sont masquées. En effet, la Torah cite des lieux qui n’ont rien à faire ici (dans le désert), ou même qui n’existent pas (Lavane, Tofel). Rashi explique que ce sont des allusions à des fautes, à des révoltes du peuple d’Israel.

Rashi commente aussi le fait que Moshé s’adresse à “TOUT ISRAEL”. Rashi l’explique de façon étonnante.

Si Moshé n’avait réprimandé qu’une partie du peuple, les autres, ceux qui sont au marché auraient dit : “Quoi ? vous avez écouté les paroles du fils de Amram [Moshé] et vous n’avez rien répondu ! Nous, si nous avions été sur place, nous aurions contesté ses réprimandes. C’est pourquoi, Moshé s’adresse à tout le peuple.

En effet, Moshé, notre Maître, connaît bien la psychologie du peuple. L’homme n’aime pas les réprimandes. Face à Moshé, le peuple n’a pas la force, ou n’a pas les arguments pour répondre. Mais, dès que c’est possible, l’homme veut fuir ses responsabilités. Il n’aime pas avouer qu’il est coupable.

Dans une fratrie, ou dans la cour de récréation, lorsqu’un enfant fait un reproche à l’autre, la réaction est prévisible : “non c’est toi qui a commencé !”. Quand ce sont des enfants qui se rejettent la responsabilité, ce n’est pas si grave. Mais dans un couple, dans une communauté, dans une ville, dans un pays ….. L’homme oublie parfois de grandir, et préfère rester sour aux réprimandes plutôt que de se mettre en question.

Moshé a mis le peuple face à ses responsabilités. Moshé veut faire comprendre qu’un adulte ne fuit pas, il doit assumer ses fautes.
La semaine prochaine, nous vivrons le 9 av. Nous jeûnerons en nous souvenant de la destruction des deux temples. La liturgie du 9 av nous rappelle que nous sommes responsables des malheurs qui nous ont touchés. Plusieurs fois on répète : “par nos fautes“. Nous déclarons qu’il n’y a pas de hasard. Nous avons fauté, et nous avons causé la destruction du Temple.

Alors, même si nous jeûnons, même si nous avons connu de nombreux malheurs, nous devons nous rappeler que le 9 Av est qualifié de Moed (comme une fête). Moed vient de la racine Vaad = assemblée. Le 9 av, nous nous rassemblons pour comprendre que nous sommes adultes et responsables. Et comme, pour toute fête, c’est un double rassemblement. Nous retrouvons nos semblables, mais nous retrouvons aussi le maître du Monde, à l’instar des fêtes de pèlerinages.

Que D. fasse que nous comprenions que nous sommes adultes, que nous sommes responsables des événements que nous vivons. Et donc forcément, nous ne mettrons plus la faute sur les autres,

Matot 5784

« Moshé parla aux chefs de tribus, … Un homme qui fait un voeu à D. … ne profanera pas sa parole, tout ce qui sort de sa bouche, il accomplira.» (BAMIDBAR 26,3).

Cette semaine, nous lirons 2 parachiot : Matot et Massé. Le début de la paracha Matot traite des voeux que l’on prononce et de la façon dont on doit gérer ces voeux. Puis la paracha traite de la guerre contre Midiane, le peuple qui avait entraîné une partie des Bné Israel dans la débauche. La paracha termine par la demande des tribus de Reuven et Gad et de la moitié de Ménashé de s’installer à l’Est du Jourdain.

Autant dire que mise à part le début de la paracha qui traite des voeux, on parle beaucoup de guerre dans cette paracha. Peut-être que c’est cela le secret de la victoire : pour gagner la guerre contre les ennemis, il faut savoir maîtriser sa bouche, et respecter sa parole.

La guemara Nedarim traite des voeux. A la page 50a on trouve l’histoire du mariage de Rabbi Akiba avec Ra’hel, la fille de Kalba Savoua.

A l’origine Akiba (pas encore Rabbi Akiba) était berger de Kalba Savoua, un homme immensément riche. Un jour Ra’hel la fille de Kalba Savoua remarqua les bons traits de caractères de Akiba, et elle voulut l’épouser, bien qu’Akiba soit ignorant en Torah. Ra’hel lui demanda : si nous nous marions, tu iras étudier ? Akiba acquiesça, ils se marièrent.
Kalba Savoua ne voulait pas donner sa fille à un ignorant. Il fit donc le voeu de ne pas faire profiter de sa fortune à sa fille, tant qu’elle serait la femme de Akiba.
Akiba et Ra’hel étaient donc terriblement pauvres. Ils vivaient d’amour et d’eau fraîche ! Akiba dit : Ah si j’étais riche, je t’achèterai un bijou “Jerusalem d’or”. C’est une couronne ou un genre de collier qui représente Jerusalem.
Akiba partit et revint avec le titre de Rabbi Akiba et 24000 couples d’élèves.

La guemara Ketouvot 63a raconte comment Kalba Savoua a annulé son voeu. Le jour où Rabbi Akiba rentra après avoir passé 24 ans à étudier loin de son épouse, Kalba Savoua, vint le voir sans se douter que c’était son gendre. Il voulait que la Rabbin lui annule son voeu.
Rabbi Akiba demanda à Kalba Savoua : si tu avais su que ton gendre deviendrait un grand homme de Torah, aurais-tu prononcer le voeu de priver ta fille de tes biens ? Kalba Savoua lui répondit : si j’avais su qu’il connaîtrait un chapitre ou une hala’ha, je n’aurais jamais prononcé ce voeu. Rabbi Akiba répondit, ton voeu est délié, … et je suis ton gendre. Kalba Savoua s’évanouit.

Cette histoire soulève au moins deux questions.
1/ Comment Rabbi Akiba a-t-il pu défaire un voeu qui le concerne ? Rabbi est partie prenante, il n’a pas le droit de statuer sur un tel voeu ?
Le Ribach répond que Rabbi Akiba a juste trouvé la clé (ou la porte) pour défaire ce voeu. Mais c’est un autre sage, ou  un tribunal de 3 hommes (simples) qui ont défait le voeu.

2/ Normalement pour défaire un voeu, il faut trouver un élément qui existait au moment de la formulation du voeu, et qui n’était pas su de celui qui a dit le voeu. On ne peut pas défaire un voeu avec du “Nolad”, des éléments nouveaux qui se produisent après la formulation du voeu.
Or Rabbi Akiba est devenu sage après le voeu de Kalba Savoua? Quand le voeu a été formulé Akiba n’était qu’un ignorant !
Le Ran (Nedarim 50b) explique que Rabbi Akiba s’est marié à condition qu’il aille étudier. et li est prévisible que si quelqu’un part étudier il apprenne au

Pin’has 5784

« Pin’has fils d’Eleazar fils d’Aaron le Cohen retira Ma colère contre les bné Israel en prenant Ma vengeance de parmi eux et Je n’ai pas détruit les enfants d’Israel dans Ma vengeance.» (BAMIDBAR 25, 11).

Pin’has est l’homme zélé, qui a tué d’une même lance Zimri, prince de la tribu de Chim’on et Kozbi fille de Tsour (Prince de Midiane). Tsour était le roi le plus important de Midiane (Rachi) et n’a pas hésité à prostituer sa fille, et à l’envoyer séduire les Bné Israel. Les Bné Israel ont ainsi fauté, et une terrible épidémie a frappé le peuple. L’épidémie s’est arrêtée lorsque Pin’has a tué Zimri et Kozbi, « Parce qu’il [Pin’has] a vengé son D. ».
A propos de l'acte de Pin'has on dit toujours qu'il a bien agi, mais si l'on demande aux rabbanim la conduite à tenir, et bien l'on ne recommandera pas le comportement de Pin'has. C'est «Hala'ha ve ein morine ken ».
La Torah marque la reconnaissance que l’on doit à Pin’has. Il mérite l’alliance de paix. Désormais, il entre dans la chaîne de transmission de la prêtrise (Kehouna). D’ailleurs, tout Cohen Gadol postérieur sera un descendant de Pin’has.

On remarque donc le paradoxe. Un Cohen qui a tué par inadvertance, D. préserve, n’a plus le droit de monter pour la bénédiction des Cohanim.
Pinh’as a tué un prince d”Israel, c’est un meurtrier, et par son geste, il obtient le titre de Cohen ! Par son acte de vengeance, il sera récompensé par “Mon alliance de Paix”.

 

Il a fait la guerre, et a obtenu l’alliance de Paix. Dans l’antiquité on disait “Si vis pacem, para bellum”, Si tu veux la paix, prépare la guerre.

Pin’has n’a pas préparé la guerre, il fait la guerre ! Et il obtient l’alliance de paix.
Son amour du peuple d’Israel l’a poussé à agir. Il n’a pas pu supporter voir l’épidémie frapper les bné Israel. Le peuple tombe dans la débauche, des chefs montrent le mauvais exemple ! Pin’has ne peut pas rester les bras croisés, il doit agir. Certains auraient conseillé de parlementer pour remettre Zimri dans le droit chemin. Mais Pin’has voit que le bateau est en train de sombrer. Il faut agir et marquer les esprits.
Parfois, c’est la bonne méthode ! L’épidémie s’est arrêtée, Pin’has a été récompensé, la paix est revenue. Cela se termine bien uniquement parce que Pin’has a voulu agir uniquement pour l’honneur de D., et pour protéger le peuple de l’épidémie.

Que D. nous aide à mériter des dirigeants qui ne pensent qu’à l'intérêt du peuple d’Israel. Et à l’instar de Pin’has,

Balaq 5784

"Discours de celui qui entend les paroles de D. et qui connaît la pensée de l’Etre Suprême …"
(BAMIDBAR  24,16)

BALAQ, c’est la paracha de la semaine. C'est aussi le nom du roi de Moav qui a décidé de s'en prendre aux Bné Israel, dans le désert. Cependant, il avait remarqué que la manière forte ne fonctionne pas, puisque les Bné Israel gagnaient leurs guerres de manière surnaturelle.
Balaq décide donc de demander de l'aide à Bilaam, le prophète des nations, et qui va être chargé de maudire les Bné Israel.

Mais Bilaam échouera dans sa mission : il ne parviendra pas à maudire les Bné Israel, au contraire, il les bénira.

La Michna 19 du 5è chapitre des Maximes des Pères compare les disciples de Avraham, notre patriarche, et ceux de Bilaam, le méchant.
Les disciples de Avraham ont un bon oeil = ils se contentent de ce qu’ils ont. Ils sont modestes, et ne recherchent pas les plaisirs matériels.
 

Les disciples de Bilaam, ont un mauvais oeil (Bilaam était borgne !), ils envient les autres, ils jalousent le bien et les biens des autres. En effet Bilaam a dit “Même si Balaq me donnait sa maison pleine d’or et d’argent” (Bamidbar 22,18).

Les disciples de Bilaam, sont orgueilleux. En effet, Bilaam introduit une de ses tirades par "Discours de celui qui entend les paroles de D. qui connaît la pensée de l’Etre Suprême …" (BAMIDBAR  24,16)
Il se vante d’entendre les paroles de D. et de comprendre / connaître la pensée de D.
Tout un chacun a déjà du mal à se connaître soi-même. De plus, on ne peut jamais savoir ce que pense vraiment son prochain … alors aller jusqu’à dire que l’on comprend la pensée de D. !!!
C’est le paroxysme de l’orgueil, Bilaam se prend pour l’égal de D. puisqu’il dit connaître la pensée de D. !

Enfin les  disciples de Bilaam recherchent les plaisirs matériels. Ainsi à la fin de la paracha Bilaam propose de le plan machiavélique de débaucher les Bné Israel en envoyant les filles de Moav. Pour juste envisager un tel plan, il faut être profondément ancré dans la recherche des plaisirs matériels.

Le Messilat Yecharim explique que l’orgueil est insidieux. Au début, on croit avoir une qualité particulière. Ensuite, on se convainc que grâce à cette qualité, nous sommes dignes de louanges. Puis on adopte le comportement qui convient à celui qui est digne de louanges. La façon de parler change, les manières aussi. On ne peut plus parler avec n’importe qui … nous ne sommes pas du même monde ! Le MOI a bien grandi !
Mais il n’est pas nécessaire d’aller si loin pour voir les effets de l’orgueil. Pourquoi se met-on en colère ? Parce que l’autre n’accepte pas mes idées, ma position. Si j’explose de colère

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