Chavouot 5783 - Liberté chérie

"D. descendit sur le Mont Sinaï sur le sommet de la montagne. D. appela Moshé au sommet sur le sommet de la montagne et Moshé monta."
(Chemot 19,20)


Cette semaine, jeudi soir, nous entrerons dans la fête de Chavouot. Nous enchaînerons avec Chabbat, qui sera le chabbat Nasso en Israel, et simplement le second jour de Chavouot en dehors d’Israel.

Le verset en entête fait référence à la révélation. D. est descendu sur le Mont Sinaï pour donner par l’intermédiaire de Moshé, les tables de La Loi.

49 jours après Pessa’h, qui est la fête de la liberté physique, nous entrons dans la fête du don de la Torah, que l’on associe souvent à la liberté mentale.

Pendant 7 semaines, nous avons tenté de nous préparer au don de la Torah. Et cette préparation, c’est l’essentiel. Car recevoir la Torah, ce n’est pas un instant à fêter, c’est un chemin qui dure. C’est un cheminement progressif pour acquérir la Torah. D’où le nom de Chavouot = semaines. La Fête de Chavouot est nommée en référence aux semaines qui la précèdent. Car le but est le chemin de la Torah.

A propos des Tables de Loi, dans la paracha Ki Tissa, on dit qu’elles étaient gravées = ‘HaRouT. Les maîtres nous disent, ne lis pas ‘HaRouT mais ‘HeRouT = liberté.


Pourquoi le don la Torah symbolise-t-il le but ultime de la Liberté ? Pourquoi la Torah est-elle pour les Bné Israel la condition sine qua non de la liberté ?

1/ L’explication traditionnelle est que sans loi, je suis esclave de mon moi. Je ne suis donc pas libre. La Loi, qui ne dépend pas de moi, me donne un cadre dans lequel ma liberté pourra s’exprimer.
Être libre ne signifie pas faire ce que mes instinct veulent. Etre libre c’est réfléchir et faire le bien.

2/ La Loi orale.
Au mont Sinaï, nos maîtres nous disent que nous avons reçu aussi la Loi Orale. Ainsi le Rambam explique dans l’introduction à son explication de la Michna que Moshé a reçu les mitswot à écrire, par exemple la soucca. Parallèlement, il  a aussi reçu les détails de cette mitswa à transmettre oralement, par exemple sa surface au sol minimum (7 tefa’him sur 7), sa hauteur minimum (10 tefa’him = environ 80-90 cm), ….

En clair, la Torah Orale a aussi été donnée au Mont Sinaï.

Voici peut-être une autre explication des paroles de nos sages : ne lis pas ‘HaRouT = gravé mais ‘HeRouT = liberté. Ce qui est gravé, c’est la Torah écrite. Quand tout est écrit, il n’y a pas de liberté. Il y a autre chose que ce qui est gravé, c’est la Loi Orale, qui a été donnée à Moshé, et transmise de génération en génération.
C’est la possibilité pour tout un chacun de faire fonctionner son cerveau et de tenter de découvrir la Loi.

Quand tout est écrit, je risque de devenir un robot, qui applique mais qui ne pense jamais. L’étude de la Loi Orale me permet d’exprimer ma liberté pour tenter de découvrir et comprendre ce qui a été donné à Moshé sur le Mont Sinaï, et ainsi me rapprocher de D.

Bemidbar 5783

"D. parla à Moshé et Aaron en disant. Chacun selon sa division [DiGLo], selon les signes de la maison de leurs pères…."
(Bemidbar 2, 1-2)


Nous commençons cette semaine le 4è livre de la Torah, Bamidbar (=littéralement « dans le désert »). Jeudi soir prochain, nous fêterons Chavouot, la fête du don de la Torah.

Ce 4è livre de la Torah est nommé Les Nombres, car les bné Israel y sont minutieusement recensés.

La Torah nous précise que chaque tribu a ses insignes, son drapeau. Le Rav Chalom Messas, dans Ve’Ham Hachemech s’intéresse à l’utilité du drapeau.

Le drapeau, différent selon les tribus, est potentiellement générateur de dissensions. Chacun son drapeau, chacun son identité, chacun son intérêt, le risque est grand de voir des rivalités émerger entre les tribus, entre les frères.

Et les problèmes de fratrie, on les connaît : Caïn et Abel, Yts’haq et Yichmael, Yaaqov et Esaw, Yossef et ses frères …. Alors était-ce vraiment nécessaire de faire chacun son drapeau ? Le drapeau ne sera-t-il pas le signe avant-coureur de guerres fratricides ?

Par ailleurs qu’est-ce qu’un drapeau ? Comment confectionne-t-on un drapeau ? On prend un petit bout de bois, on prend un chiffon, on les met ensemble, cela fait un drapeau (J’ai entendu cette explication lors d’un discours du Rabbin Hadas Lebel
http://judaisme.sdv.fr/histoire/rabbins/hadasleb.htm)
Un drapeau n’a pas de valeur intrinsèque, sa valeur c’est l’homme qui associe le bâton et le tissu qui la crée. La valeur du drapeau est donc subjective, par conséquent, elle est source de dispute. Mes valeurs sont supérieures aux tiennes. Mon blanc est plus blanc que ton blanc !

Le Rav Messas explique que D. a plusieurs noms, Il se dévoilent sous plusieurs attributs. D. est UN, et pourtant, ses noms sont multiples.

Pour le Am Israel c’est la même chose. Le peuple est UN, mais il a différents visages. Chaque tribu a son drapeau, chaque tribu a ses spécificités. Chaque tribu a un rôle à accomplir. Chaque homme est différent de son prochain, chaque homme est unique, chaque homme a en lui un potentiel illimité différent de celui de son prochain. Si chacun réalise son potentiel, c’est tout le peuple qui en profitera. La Vérité est Une, mais elle a différentes facettes. Si chaque tribu s’accomplit, alors c’est tout le peuple qui grandit et qui est UN.

Ce soir, nous fêtons Yom Yerouhalayim. Cela fait 56 ans que la ville est UNE…. Et pourtant, ces derniers temps, le peuple semble de plus en plus divisé. Même si officiellement, il n’y a qu’un drapeau en Israel, chacun veut mettre ses couleurs en avant, pour expliquer aux autres que lui est dans le vrai, et que l’autre a tort !

Behar 5783

"Et quand vous vendrez à ton prochain, ou quand tu achètes de la main de ton prochain, ne vous lésez pas l'un l'autre."
(VAYIQRA 25, 14)


Cette semaine nous lirons 2 parachiot : Behar et Behouqotay

Behar commence par présenter les lois de la Chemita (l'année chabbatique de la terre, on ne doit pas travailler la terre pendant un an), et celles du Yovel (=Jubilé). Entre autres, la Torah veut nous faire comprendre que nous ne sommes pas propriétaires de la Terre. Nous sommes là pour l'utiliser. Mais tous les 7 ans, nous la rendons, sans la travailler. La chemita contribue à combattre l'instinct de possession qui est en nous.

C'est cet instinct qui peut nous faire passer à côté de notre vie. Cet instinct peut nous faire croire que “que le bonheur c'est d'avoir (de l'avoir plein nos armoires)”. C'est cet instinct d'avoir qui nous fait oublier que notre vie c'est chercher à être. Avoir, ne sert à rien après 120 ans. En revanche, si je cherche à être pendant 120 ans, je continuerai à être pour l'éternité.

Après 120 ans, on n’apporte pas ce qu’on a. Mais on se présente avec ce qu’on est devenu.

Après la chemita et le yovel, la Torah continue avec de nombreuses lois "sociales".

Le premier verset cité en entête fait référence au dol (onaa). Il est interdit de léser son prochain lors d'un échange. S'il y a un écart de plus de 1/6 entre le prix de la transaction et le prix normal, alors l'échange peut être annulé.

Le verset en entête est étudié à la page 56b de la guemara Baba Metsia. On déduit de la répétition dans le verset [TiMKeRou, MiMeKaR, ce qui se vend] que l’interdit de léser son prochain dans les échanges ne concerne pas les contrats, car ils ne sont pas des objets vendus, mais des supports pour échanger d’autres biens.

Le Torah Temima explique que si l’on vend une créance qui est en fait un contrat, la reconnaissance de dette de A envers B, alors sur ce titre, il n’y a pas de Onaa.
En effet, nous fait comprendre le Torah Temima, le titre de créance, est trop éloigné de l’objet que l’on échange. Toutefois, précise-t-il, s’il s’agit d’emprunts d’Etat, ou de de titres sur des organismes sûrs, alors, le titre a une valeur objective, et donc il est soumis à la loi de Onaa.

Le Ramban précise que même s’il n’existe pas les conséquences de Onaa, car l’on ne peut annuler une vente d’un tel titre de créance, malgré tout l’interdit demeure. Il m’est interdit de rouler mon prochain même pour lui vendre un titre de créance. De même, lorsque l’on dit que pour un bien immobilier, il n’y a pas d’onaa, ce n’est pas que tous les coups sont permis. L’interdit demeure, mais si l’écart est de 20% (par exemple), il n’y aura pas d’option d’annuler la vente.

Emor 5783

" Vous compterez pour vous à partir du chabbat [lendemain du jour de repos =premier jour de Pessa’h]…sept semaines complètes."
(VAYIQRA 23,15).


La paracha commence par des lois propres au cohanim. Emor, c'est aussi la présentation des fêtes.

A l’intérieur du thème des fêtes, la Torah demande de compter le Omer : depuis le lendemain de Pessa’h jusqu’à Chavouot (il y a 49 jours à compter), " Vous compterez pour vous à partir du lendemain du jour de repos …" (VAYIQRA 23,15). Comme en ce moment, nous comptons le Omer,  au bout duquel nous fêterons Chavouot.

Techniquement, nous comptons chaque soir les jours du omer, et leur équivalent en semaine. Exemple : le 29è jour, c’est 4 semaines et un jour.

Précisons que la mitswa de compter le omer de nos jours est d’ordre rabinique d’après la plupart des décisionnaires.

Avant de compter, il y a une bénédiction. Avant cette bénédiction, il est de coutume de réciter une introduction du type LECHEM YIHOUD.

Récemment, nous avons réfléchi. Pourquoi faire précéder le compte du omer par un Lechem Yihoud ?

J’ai eu la chance de rencontrer récemment un rav que je fréquentais assidûment jusqu’à il y a 20 ans. Je lui ai posé la question.

Voici, ce qu’il en ressort.

1/ La mitswa est très courte : une bénédiction, un compte, cela peut être fini en 30 secondes. Alors peut être, pour donner plus de poids à la mitswa, la plupart des communautés juives ont pris sur elles d’introduire la mitswa par un LECHEM YIHOUD ou un Hineni Mou’han ou Mezoumane.

2/ Le Rav m’a cité le Noda Biyehuda

[wikipedia : Ezekiel ben Judah Landau ou Ézéchiel Landau né à Opatów le 8 octobre 1713 et mort à Prague le 29 avril 1793, est un grand rabbin de Prague, l'un des plus grands décisionnaires et commentateurs du Talmud. Adversaire du mouvement hassidique, il s'oppose également au mouvement des Lumières qui se développe en Europe à la suite de Moses Mendelssohn.

Il est célèbre pour ses responsa dans le domaine de la législation juive intitulés Noda BiYehudah (נודע ביהודה) et ses commentaires sur le Talmud : Tsioun leNéfech Haya.]

A propos du Lechem Yihoud, le Noda BiYehudah s’élève fermement contre ceux qui lisent cette prière introductive sans la comprendre. Or, le Lechem Yihoud fait référence à des concepts difficilement compréhensibles. Le Noda BiYehudah n’accepte pas que l’on dise un LECHEM YIHOUD sans le comprendre.

Ce que je dis à présent n’engage que moi, j’espère que je ne me trompe pas, et bien évidemment, il ne faut pas déduire de Hala’ha à appliquer à partir de mes propos.

A’hare Mot Quedochim 5783 - Aimer

" Tu aimeras ton prochain comme toi-même: je suis l'Éternel."
(VAYIQRA 19,18)

Cette semaine nous lirons la paracha A’hare Mote ainsi que la paracha Quedochime.

La paracha Quedochime présente beaucoup de lois sociales qui régissent les relations de l’homme envers son prochain.

Intéressons au célèbre verset : Tu aimeras ton prochain comme toi même, Je suis D.
Quel est le rapport entre aimer son prochain, et “Je suis D.”.

J’ai essayé de comprendre le Meche’h ‘Ho’Hma… j’espère que je dirai pas de bêtises.

Exceptionnellement le Meche’h ‘Ho’Hma sur le verset en entête, est très long, et utilise un langage très imagé (poétique ?)

Il commence par expliquer que le vêtement est le témoignage de l’oeuvre du tailleur, l’immeuble témoigne de l’existence du bâtisseur.

Le monde est le témoignage de l’existence du Créateur. L’ordre parfait, les manques à gauche, qui sont comblés par des surplus à droite… tout se complète. L’idiot dira que tout est l’oeuvre du hasard. Le sage verra la grandeur de D.

Mais ce n’est pas tout, D. a créé aussi l’homme à Son image. Le Meche’h ‘Ho’Hma explique que cela signifie que l’homme a le libre arbitre. Ce n’est pas parce qu’il s’est bien comporté hier, qu’il se comportera bien demain. Etre un homme bien est un choix permanent. Chaque jour je dois décider de quoi sera fait mon avenir.

Même si l’homme est libre, le Meche’h ‘Ho’Hma souligne que cette liberté va de paire avec la Providence Divine, qui nous protège. Le peuple juif a erré pendant 2000 ans. Même si aujourd’hui nous avons retrouvé la Terre de nos ancêtres, la terre tant désirée, même si aujourd’hui nous pouvons vivre à Jérusalem que nous mentionnons dans nos prières depuis des siècles, le peuple juif vit encore aux quatre coins du monde. Et le Meche’h ‘Ho’Hma souligne que même au bout du monde, les juifs s’installent, forment des communautés, s’entraident … c’est la preuve de la présence de D.
Après des siècles d’exil, voir des juifs qui appliquent la mitswa d’aimer son prochain aux quatre coins du monde, c’est la preuve que D. existe. C’est la preuve de la Providence Divine. C’est cela le “Je suis D.” de la fin du verset.

Le Meche’h ‘Ho’Hma explique aussi que l’homme a 2 types de désir : celui qui provient des sens et celui qui provient de l’intellect.
L’homme simple sera aux ordres de ses sens : la vue, par exemple. Il va voir une femme et la désirer.
Le sage va désirer l’objet de son intellect. Le sage ne voit pas D., et pourtant il Le désire. Il désire s’en rapprocher.
Lorsque le juif aime son prochain, même s’il ne le connaît pas, lorsque le juif aide son frère qu’il ne connaît pas uniquement parce qu’il fait partie du même peuple, il aime avec son intellect et pas avec ses yeux. C’est la signification du “Je suis D.” de la fin du verset. En aimant l’autre que l’on ne connaît pas (uniquement avec l’intellect), on apprend à aimer D. que l’on ne peut pas voir.

Le Meche’h ‘Ho’Hma explique aussi qu’il y a 2 types d’amour. L’amour intéressé, celui où l’on attend quelque chose en retour, et l’amour qui vient de la ressemblance.

Tazria Metsora 5783

"... il demeurera seul, sa résidence sera à l’extérieur du camp"
Vayiqra 13,46


Cette semaine nous lirons la paracha Tazria ainsi que la paracha Metsora
Ces parachiot sont essentiellement consacrées aux problèmes de pureté et d’impureté. Plusieurs types d’impureté sont présentés, entre autres :

- L’impureté de la femme après qu’elle ait donné naissance à un enfant. Cette forme d’impureté n’est pas un jugement de valeur (la femme n’est pas inférieure à l’homme !). C’est un concept spirituel qui n’est pas évident à comprendre, mais qui a des incidences matérielles. Ainsi, par exemple, la femme est interdite à son mari tant qu’elle n’est pas redevenue « pure ».

- L’impureté qui provient de la Tsaraat = certaines tâches sur la peau, sur des vêtements ou sur les murs d’une maison. C’est une maladie qui existait à l’époque du Temple. La Tsaraat frappait l’auteur de médisance = Lachone Harah. Rappelons que le Lachone Harah est le fait de rapporter une parole, même vraie, sur son prochain, cette parole étant susceptible de lui nuire.


Le verset en entête fait référence au metsora (atteint de la tsaraat) qui devra être isolé.

Cette semaine, j’ai eu la chance d’étudier avec un ami un passage des Si’hot Moussar du Rav Hayim Chmouelevitz (Tazria, 5732). Voici ce que j’en ai retenu.

La guemara Nedarim 64b cite une brayta : 4 personnes sont considérées comme mortes (alors qu’elles sont vivantes) : le pauvre, le metsora, l’aveugle, et celui qui n’a pas d’enfant.

Le Rav Hayim Chmouelevitz demande pourquoi le metsora est-il considéré comme mort ? Il prouve de la guemara que ce n’est pas à cause d’un défaut physique. Il développe un pilpoul très sympathique sur Datan et Aviram qui sont sensés être “morts” au moment où Moshé doit retourner en Egypte, après sa fuite à Midiane. La guemara considère que Datan et Aviram sont devenus pauvres, et non pas qu’ils sont metsoraim.

Rav Hayim Chmouelevitz explique que si le metsora est considéré comme mort, c’est parce qu’il doit rester SEUL. Il ne peut plus donner !

De même le pauvre, n’a pas les moyens de donner, c’est pourquoi la guemara le considère comme mort. L’Aveugle, ne pourra pas voir la détresse de son prochain. Il est coupé de l’autre, il aura du mal à donner.

Celui qui n’a pas d’enfant, lui aussi ne sait pas vraiment donner. En effet, le vrai don c’est celui des parents aux enfants. Les nuits passées à bercer un nouveau né. Le temps pour lui enseigner les choses essentielles. L’amour donné sans contrepartie. C’est l’archétype du don. C’est ce que veut dire la guemara : celui qui n’a pas eu d’enfant ne sait pas vraiment ce que représente le don gratuit. Il est donc considéré comme mort.

Le Metsora est puni. Il doit rester à l’extérieur du camp, il ne peut plus donner. Il est mort.

Chemini 5783

"Et tout ce sur quoi tombe une partie de leur carcasse deviendra impur, …. ils sont impurs, et ils seront impurs pour vous "
Vayiqra 11,35


La paracha Chemini est consacrée au service dans le Michkan (le Temple du désert). On y trouve aussi deux autres sujets : la mort des deux fils de Aaron le Cohen Gadol, et l’exposé des lois de cacherout.

Le verset en entête  fait référence à certains cheratsim (rampants). Cette nevela (un animal mort) rend impur.

Le verset en entête insiste : ils sont impurs et ils seront impurs pour vous.

Le Torah Temima s’intéresse au Yerouchalmi sur le verset en entête (Cheviit, chap 7, halaha 1). Cette répétition nous apprend que ces animaux sont interdits, et qu’il est interdit d’en tirer profit. Le Yerouchalmi continue : toute chose qui est interdite dans la Torah, il est interdit d’en faire le commerce.

Le Torah Temima rapporte le Rachba. Tout animal interdit à la consommation on n’aura pas le droit d’en faire le commerce si l’essentiel de cet élevage est destiné à la consommation. Ainsi, le commerce de cet animal est interdit de peur qu’on vienne à en manger. C’est pourquoi, vendre des chevaux ou des ânes qui ne se consomment pas est autorisé (selon le Rachba) : ces animaux sont élevés pour utiliser leur force de travail et pas pour se nourrir.

Pourtant, le Torah Temima rapporte les Tossefot dans la guemara Avoda Zara 15a qui soutiennent qu’il est interdit de faire le commerce des chevaux… et ils s’opposent clairement au Yerouchalmi.

L’explication du Rachba est néanmoins problématique. Si le Yerouchalmi interdit de faire le commerce d’un interdit de peur qu’on en vienne à le consommer, pourquoi un Nazir a-t-il le droit de faire le commerce du vin (Sifri Paracha Nasso) ?

Pessa’h 5783

"Dans chaque génération, l’homme doit se voir [LiROT] comme s’il était sorti d’Egypte"
(Michna dans Pessa’him 116b, reprise dans la Hagada)


Ce soir, mercredi, nous allons vivre Pessa’h, le seder.

L’extrait de la michna cité en entête formule une demande bien originale. Ce n’est pas un commandement de type action comme manger, ou dire. C’est un commandement sur mon ressenti, mes pensées.
Ce n’est pas simple de commander ses pensées. Faire, c’est simple… mais aimer ou ressentir sur commande, c’est loin d’être simple.

[Il est clair que ce je raconte ici est au moins en partie inspiré de ce que j’ai pu comprendre d’un cours du Rav Benchetrit. Bien évidemment, si ce que je raconte est incorrect, c’est du fait de ma mauvaise compréhension, ou tout simplement parce que je me trompe.]

Le Rachbam qui commente la guemara a une version différente de la michna. Il n’écrit pas l’homme doit se voir, mais l’homme doit se montrer [LeHaROT]. De même le Rambam dans les lois ‘Hamets et Matsa (Chap 7, Hala’ha 6), écrit, l’homme doit se montrer.

Alors clairement, utiliser le verbe montrer fait entrer l’autre dans l’histoire. Pour montrer, il faut un autre à qui je vais raconter la sortie d’Egypte. Mais ce n’est pas qu’à l’autre que l’on doit montrer, c’est à soi-même.

Si je dis “l’homme doit se voir”, il y a un risque énorme : se comporter en spectateur. Lorsque je dis “l’homme doit se montrer”, cela m’oblige à faire un acte et à le mettre en adéquation avec ma pensée. Je dois montrer, d’abord à moi-même, que je suis sorti d’Egypte.

Et en pensant ce que je fais, en unifiant ma pensée et mes actions, je montre forcément que je suis sorti d’Egypte. Quel est le propre de l’homme libre ? Penser et Agir en conséquence. Si je décide de penser mes actes, alors je deviens maître de moi-même. Je suis libre. Je deviens acteur, et je ne reste pas spectateur.

Voir, c’est être spectateur. Montrer c’est être acteur.

Tsaw 5783 - Chabbat Hagadol

«Ce qui restera, de la viande et du pain, dans le feu vous le brûlerez.»
(Vayiqra 8,32)

Tsav est la seconde paracha du 3è livre de la Torah, le lévitique. Cette paracha, comme la plupart des parachiot du Lévitique, est consacrée au service du Temple.
Mais ce chabbat s’appelle aussi « hagadol » : La semaine prochaine nous vivrons Pessa’h, et le chabbat qui précède, est nommé hagadol.

Le verset en entête fait référence à ce que l’on doit faire d’une offrande après sa date limite de consommation. Chaque offrande a un temps pour être consommée. Un jour, et une nuit par exemple. Pour d’autres sacrifices, ce sera 2 jours et une nuit. Après le temps de consommation, il convient de brûler cette offrande qui était devenue “Notar”.

La page 120b de la guemara Pessa’him présente la discussion sur le temps autorisé du Korban (Sacrifice) de Pessa’h, l’agneau. Rabbi Eleazar ben Azaria dit qu’on peut le consommer jusqu’au milieu de la nuit. Après le milieu de la nuit, il est interdit de le consommer. Au matin, ce korban Pessa’h deviendra notar.

Rabbi Akiva dit que l’on peut consommer le korban pessa’h jusqu’au matin, et ensuite il devient notar.
De cette discussion sur le temps de consommation du korban pessa’h, on déduira l’heure limite pour la consommation de l’Afikoman, la matsa de la fin du repas, instituée à la place du korban pessa’h.
D’où l’importance, pour éviter de tomber dans la discussion, de consommer l’afikoman avant le milieu de la nuit.

L’interdit de notar est un interdit particulier. C’est un interdit qui se produit sans rien faire. Si je ne mange pas le sacrifice, il deviendra notar. Sans action de ma part, j’enfreins ainsi un interdit de la Torah. Si je me laisse aller en roue libre, si je suis inactif, je faute.


Pour Pessa’h, que nous allons fêter la semaine prochaine, la Torah fait tout pour ancrer en moi la nécessité d’être actif et maître du jeu.
Pour faire des matsot, je mets de la farine et de l’eau. Sans rien faire, ma pâte va lever. Elle me permettra de faire du pain. Si je veux faire des matsot, je dois travailler la pâte, sans m’interrompre. C’est cela qui va lui éviter de gonfler.

Vayiqra 5783 - La Mitswa pour quoi ?

«Parle aux enfants d’Israel, et dis leur : un homme qui apportera de parmi vous une offrande pour D., ….»
(Vayiqra 1,2)

Nous commençons cette semaine, le troisième livre de la Torah, le livre de Vayiqra, appelé "Le Lévitique", car il a pour thème principal le service de D. (au Temple ou dans le Michkan ) qui était effectué par la tribu des Lévi. Cette tribu inclut les Léviim mais aussi les Cohanim.

La première paracha du Lévitique, Vayiqra, est quant à elle consacrée aux offrandes/sacrifices. En effet, il n’y a pas de mots en français pour traduire le concept de « korbane ».
Dans le désert avec le Michkan, puis plus tard avec le Temple, on apportait des offrandes.

Mais, pourquoi les offrandes à D. ont-elles une place si importante dans la Torah ? De plus, de nos jours, par nos fautes, nous n’avons plus de Temple, ces lois sont donc inapplicables. Alors que faut-il en faire ?
Nos maîtres nous enjoignent d’étudier les sacrifices… “Etudie, et récolte la récompense !” Mais quelle est cette fabuleuse récompense que l’on peut récolter en étudiant les lois des sacrifices ?

Pour répondre à cette question intéressons-nous au pourquoi des sacrifices ?

Peut-on croire que D. ait faim pour qu’on Lui apporte de la nourriture ?
Peut-on croire que D. deviendrait clément parce que j’égorge un agneau ? Pourrait-on imaginer que D. est en colère, et qu’Il veut punir un individu, ou groupe… mais soudainement, on Lui apporte une offrande, et la colère divine disparaît ?
Peut-on croire que je vais changer D., parce que je Lui apporte une offrande ?
Il est donc évident qu’en offrant des céréales, ou des animaux au Temple, on ne change pas le Créateur. Par conséquent, penser que l’on apporte une offrande pour changer les Cieux est une aberration.

Alors peut-être que si j’apporte une offrande, c’est pour me grandir. Je ne parle que de celui qui apporte des offrandes pour faire le beau. Celui qui offre des sacrifices pour se montrer, ne sert pas D., il sert son orgueil.
Alors on pourrait trouver une autre explication du sacrifice : soulager la conscience du fauteur. Imaginons, un individu qui a fauté, et qui le regrette sincèrement. Apporter une offrande serait la dernière étape qui permettra de libérer complètement le fauteur. Le fauteur se sentira mieux. Et bien un tel sacrifice est encore vicié ! Si le fauteur apporte l’offrande pour se soulager, il se sert. Il utilise le commandement à son profit.

Ce que l’on doit apprendre des sacrifices, c’est qu’ils sont inutiles. On ne doit pas les apporter en espérant un résultat quelconque. On doit les apporter uniquement parce que c’est un commandement divin. C’est cela la vraie façon d’accomplir la mitswa des sacrifices.
Et ce que l’on apprend ici est fabuleux, si nous réussissons à le transposer aux autres commandements divins… C’est celà “Etudie, et récolte la récompense” ! Il faut appliquer la mitswa pour la mitswa.

Le Rav, cette semaine nous a parlé de la mitswa de manger la matsa.

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